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Pour Michael Heise, Chef économiste chez Allianz SE (premier assureur européen et quatrième gestionnaire d’actifs au monde), «la croissance de la population doit être un objectif politique du gouvernement allemand. »

Les niveaux record de migration vers l’Allemagne au cours des deux dernières années ont mis en cause les projections démographiques du pays. Mais l’évolution rapide de l’Allemagne vers un profil démographique plus favorable n’est pas une raison pour reporter les décisions politiques douloureuses concernant la retraite et les pensions.

Au début de ce siècle, des prévisions qui étaient considérées comme fiables prédisaient que l’Allemagne aurait perdu plus de dix millions d’habitants d’ici à 2050, en raison du déclin de l’immigration et de la faiblesse du taux moyen de natalité. Aujourd’hui, les projections démographiques sont beaucoup plus favorables. Selon les derniers calculs du gouvernement, la population allemande pourrait rester supérieure à 80 millions jusqu’en 2060, et la réduction de l’offre de travail pourrait ne pas être aussi radicale que précédemment redouté.

Outre l’immigration, les taux de natalité et l’espérance de vie moyenne affectent également la croissance de la population. En 2015, le taux de fécondité en Allemagne a augmenté pour la première fois en 30 ans, à 1,5 enfant par femme – probablement en raison des mesures de soutien familial plus ciblées et du renforcement de l’économie, qui réduisent les risques financiers de fonder une famille. Le taux de fécondité actuel devrait rester relativement stable à l’avenir. Mais il convient de rappeler que personne n’avait prévu le baby-boom des années 1950 et 1960, ni la baisse spectaculaire du taux de fécondité dans les années 1970.

L’espérance de vie moyenne est tout aussi difficile à cerner. Au cours des dernières décennies, elle a toujours augmenté plus rapidement que prévu par les démographes, ce qui pousse à se demander si la longévité – et donc la taille de la future population en âge de retraite – n’est pas systématiquement sous-estimée.

Si l’Allemagne garde son niveau actuel de croissance économique dans les décennies à venir, les trois moteurs de la croissance de la population – l’immigration, la fertilité et l’espérance de vie moyenne – pourraient augmenter, et la population serait relativement stable. Dans ce scénario, si l’Allemagne parvient à intégrer les immigrants sur le marché du travail et à augmenter le taux de participation des travailleurs âgés, elle serait dans une meilleure position pour financer les programmes de protection sociale existants.

En ce moment, les baby-boomers sont encore actifs sur le plan économique, et le resteront pendant un certain temps. Mais, d’ici 2035, ils auront pris leur retraite, et l’Allemagne aura plus de 21 millions d’habitants de plus de 67 ans; la moitié d’entre eux auront plus de 80 ans en 2050. Et, si la longévité augmente plus rapidement que les prévisions actuelles, ce groupe d’âge sera encore plus grand. L’Allemagne devrait utiliser la pause actuelle du vieillissement pour assurer la durabilité à long terme de ses systèmes sociaux, créer des emplois adaptés aux différents âges, et adapter les logements et les infrastructures aux besoins d’une société vieillissante.

En outre, l’Allemagne devrait avoir une politique démographique active pour gérer les trois moteurs de la croissance de la population, et en particulier l’immigration. Au cours des deux dernières années, la migration nette a été fortement influencée par l’afflux des demandeurs d’asile. Le nombre de personnes qui auront besoin d’une protection au cours des années ou des décennies à venir reste incertain, et dépendra de la résolution ou non des crises au Moyen-Orient, ainsi que des propres efforts de l’Allemagne et de l’Europe pour sécuriser leur frontières extérieures et mettre en œuvre une politique d’asile complète. […]

La Tribune

Merci à Lilib

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