La rumeur court depuis hier qu’Emmanuel Macron pourrait échanger le siège du Parlement européen à Strasbourg contre l’Agence européenne du médicament. L’entourage du président élu compte, il est vrai, quelques anti-Strasbourg. Mais le très européen Emmanuel Macron oserait-il marchander une institution de cette envergure ?
La traînée de poudre est partie, et ce n’est certainement pas un hasard, de l’agence de presse britannique Reuters. Hier soir, une dépêche affirmait que l’élection d’Emmanuel Macron favorisait « la fermeture du siège de Strasbourg ». Avec la rhétorique classique du discours anti-Strasbourg en vogue au Royaume-Uni, la dépêche parle même de « l’onéreux deuxième siège du Parlement » (il est en fait le seul, selon les traités, et coûte en réalité la moitié des sommes avancées par les anti-Strasbourg).
Selon l’agence britannique, qui ne cite pas sa source, l’élection du nouveau président français a encouragé la tenue de négociations pour «échanger» le Parlement européen contre l’Agence européenne du médicament. Actuellement basée à Londres, cette dernière devra déménager suite au Brexit, et près d’une vingtaine d’États membres sont candidats pour l’accueillir, parmi lesquels la France. Le gouvernement sortant a choisi de proposer le site de Lille, proche de Londres, et ce au détriment de Strasbourg, qui avait candidaté en s’appuyant sur la présence du Parlement européen. Pas question pour les élus strasbourgeois de considérer l’agence comme une monnaie d’échange.
« Qui orchestre ces rumeurs ? Et précisément maintenant ? », se demande l’eurodéputée alsacienne Anne Sander (LR). Avant la dépêche d’hier soir, la fervente défenseuse du siège de Strasbourg n’en avait « jamais entendu parler » au Parlement. Il est en revanche établi que le Royaume-Uni, malgré le Brexit, ne veut pas voir partir “ses” agences européennes.
« Ces rumeurs n’ont pas de consistance », nous dit une source bien informée au Parlement européen. De plus, « un homme qui traverse la cour du Louvre sur l’hymne européen en direct à la télé le soir de son élection ne peut pas lâcher le siège de Strasbourg, c’est inconcevable. Macron est très attaché aux symboles, et la présence du Parlement européen en France est un symbole très fort. »
Merci à Jérémy Triboque