Alors qu’un Groupement d’intérêt public (GIP), présidé par Jean-Marc Ayrault, a été lancé début mai afin de créer une Fondation pour la mémoire de l’esclavage, le président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) Louis-Georges Tin revient pour le site musulman Saphirnews, à l’occasion de la semaine du 10 mai, sur l’intérêt des propositions de loi sur les réparations consécutives à l’esclavage, portées par la députée écologiste Cécile Duflot.
Quelle est votre réaction après l’annonce du lancement d’une Fondation pour la mémoire de l’esclavage ?
François Hollande avait dit que les réparations étaient impossibles ; l’impossible est pourtant devenu possible. La Fondation sera fonctionnelle l’année prochaine (en 2018) mais l’argent est là. Il provient de plusieurs ministères et aussi de la Banque de France et de la Caisse des dépôts (dont les activités étaient liées au commerce colonial et à la traite négrière selon le CRAN, ndlr). L’existence de cette fondation est actée et irréversible. Les montants ne sont pas très précis, l’Elysée parle de plusieurs centaines de milliers d’euros mais nous estimons que c’est très insuffisant pour l’instant. Par rapport aux énormes bénéfices engrangés pendant des années, le compte n’y est pas. Il faut bien entendu aller plus loin. […]
Face à l’Etat postcolonial ou néocolonial français, la création de la fondation est déjà une avancée historique parce qu’aujourd’hui on est entré dans l’âge des réparations. […]
Qui va diriger la fondation ?
Lionel Zinsou (haut fonctionnaire franco-béninois, ancien candidat à la présidence du Bénin, ndlr) a présidé la commission de préfiguration et la fondation sera dirigée par Jean-Marc Ayrault. Ce n’est pas vraiment notre tasse de thé. Premièrement, il n’est pas un afro-descendant. Deuxièmement, Jean-Marc Ayrault a tout récemment refusé de restituer au peuple béninois les trésors qui ont été volés. En tant que ministre des Affaires étrangères, il n’a pas défendu les droits de l’homme (…). Dans quelle mesure est-il bien placé pour présider à la réparation ? C’est comme pour la Fondation de l’islam de France, avec Jean-Pierre Chevènement (…) chargé de diriger les activités des musulmans, c’est un peu étrange. […]