Le 27 avril dernier, une fouille est organisée dans la cellule qu’Amar, un Belfortain de bientôt 30 ans, partage avec trois autres détenus. Dans les poches d’Amar, les « matons » découvrent quelques grammes de cannabis et un téléphone portable. Interdit, mais relativement banal. Dans la cellule, ils trouvent d’autres morceaux de cannabis, une quarantaine d’euros en espèce, des clefs USB, une chicha et… une piscine gonflable. Comme hélas souvent en détention, le ton monte, quelques insultes fusent et les quatre codétenus passent en commission de discipline, quelques jours de mitard à la clef.
Pourquoi l’administration pénitentiaire n’en a-t-elle remis qu’un des quatre à la police ? Mystère. Même le représentant du ministère public a du mal à avancer une explication. « Peut-être parce qu’il a déjà 23 condamnations à son casier », note-t-il.
Car ils étaient bien quatre à profiter du matériel introduit en fraude dans leur cellule. Dont une piscine donc, ce qui n’est pas sans susciter l’étonnement du tribunal. « Elle servait à quoi ? » interroge le président Jean-Luc Frey. « Ben, à se baigner », répond le prévenu. « Elle tournait depuis un moment. Elle est passée dans au moins quatre cellules avant d’arriver dans la nôtre. » Et comment a-t-elle pu entrer dans l’établissement ? « Je ne sais pas, mais sûrement dégonflée et pliée comme un drap. » Stupéfaite, l’une des juges veut des précisions.
« Vous la gonfliez comment ? – Avec la bouche. – Vous la remplissez comment ? – Avec un petit tuyau. – Et pour la vider ? – Pareil. – Ça prenait longtemps ? – Dans les deux heures. »