Eugène Lelouvier est né à Domfront en 1873. A 14 ans, il fait déjà parler de lui en sauvant un de ses camarades tombé à l’eau après que la glace se soit rompue sous ses pieds. A 15 ans, ce fils de boulanger pas vraiment passionné par ses études, s’engage dans la marine marchande. Malchance ou bonne étoile, il survit à deux reprises aux naufrages des navires sur lesquels il a embarqué. Sa famille le croira mort. Avant qu’il ne refasse surface… pour s’engager dans l’armée et vivre de nouvelles aventures. Il combat au Tonkin d’où il revient décoré de la médaille militaire puis est muté en Algérie. Il quitte l’armée en 1900.
Il trouve un engagement au journal La Patrie et devient le premier journaliste à entreprendre un tour du monde à pied… le lendemain de son mariage. A Varsovie, il arrête un espion russe. Il part vers l’Est mais lors de la traversée de la Sibérie il est blessé par des bandits et c’est à l’hôpital d’Omsk qu’il rencontre une infirmière, Hélène Kreis, avec qui il se marie en 1903. Désormais à deux, ils doivent arrêter le tour du monde en Manchourie à cause de la guerre russo-japonaise.
En Afrique, il sauve des prêtres d’une tribu anthropophage et est blessé par une flèche empoisonnée. Il travaille un temps au Congo avant d’être engagé par l’usine De Dion-Bouton à Lyon. Sa femme retourne en Russie. En 1907, il prépare avec le journal Le Matin la course automobile Pékin-Paris. Il reconnaît la première étape, il parcours 2000 kn à dos de chameau et traverse à pieds le désert de Gobi pour repérer les points d’eau.
Il s’installe désormais à Moscou où il rejoint sa femme et ses deux enfants et travaille comme mécanicien d’aviation. En 1911, toute la famille regagne Paris. il est mobilisé en 1914 et exerce comme instructeur dans l’aviation. Alors qu’il procède à l’essai d’un moteur d’avion, celui explose et Eugène Lelouvier reçoit un morceau d’hélice, le défigurant à jamais. Il bénéficie du statut de gueule cassée et termine sa vie en 1937 à 64 ans et il est enterré au cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine).
Dans l’Orne, sa ville natale de Domfront inaugure ce mercredi la rue Eugène Lelouvier. Capitaine de navire à 17 ans, tout à tour bagnard, légionnaire, dessinateur, inventeur, chanteur, professeur de piano, journaliste mais aussi pilote de course, Eugène Lelouvier aura vécu mille et une vies.