L’ancien Premier ministre Edouard Balladur a été mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics dans le volet ministériel de l’affaire dite Karachi, révèle ce mardi le «Canard enchaîné». Les juges enquêtent notamment sur des rétrocommissions perçues en marge de ventes d’armes et susceptibles d’avoir financé sa campagne présidentielle en 1995.
La Cour de Justice de la République, seule instance habilitée à juger des délits commis par des ministres dans l’exercice de leurs fonctions, avait été saisie en juin 2014 pour enquêter sur les rôles joués par Edouard Balladur et son ministre de la Défense de l’époque, François Léotard, dans cette affaire. Alors que leur défense avait tenté de faire jouer la prescription, la CJR leur avait donné tort en octobre dernier, estimant que le délai de prescription n’avait pas démarré en 1995 mais en 2006, date à laquelle le procureur avait eu sous les yeux les premiers éléments du dossier.
Ces éléments, consignés dans un rapport de la DST baptisé «Nautilus», indiquaient que l’attentat de Karachi (Pakistan) du 8 mai 2002 (15 morts dont 11 Français) était un acte de rétorsion contre la France après la décision de Jacques Chirac de mettre fin au versement de commissions à des responsables pakistanais sur des contrats d’armement. Cette note faisait également mention pour la première fois de rétrocommissions pour financer la campagne d’Edouard Balladur de 1995.