[…] Le commissaire de l’exposition « Afriques Capitales », Simon Njami, ne voit pas dans cette accumulation d’événements « un hommage à l’Afrique » – ce qui pourrait être réconfortant de croire lorsque 11 millions de personnes votent pour un parti d’extrême droite –, mais davantage une « autocélébration de ceux qui ont le sentiment d’avoir découvert quelque chose ». Et d’ajouter que « tout ceci est mêlé d’un soupçon de paternalisme ».
Une chose est sûre, ces manifestations sont l’œuvre d’initiatives privées et ne sont pas l’expression d’une volonté des pouvoirs publics français qui, parfois, sont plutôt tentés d’interdire aux femmes noires de se réunir entre elles, comme l’a démontré la maire de Paris Anne Hidalgo en s’opposant à la tenue du festival afroféministe Nyansapo, au prétexte que certains ateliers étaient « non mixtes ». Ou alors qui interdisent à des artistes africains de venir s’exprimer sur le territoire français en leur refusant un visa, quand bien même seraient-ils invités officiellement par une institution publique sous tutelle du ministère de la culture et de la communication.
L’invitation officielle de l’Ensapc, qui prenait en charge le déplacement et l’hébergement de Jean-David Nkot, n’aura pas suffi à convaincre le consulat français. « C’est la deuxième fois que l’on m’empêche de faire mon travail, regrette Jean-David Nkot. En 2016, Barthélémy Toguo m’avait invité à le rejoindre pour participer à l’YIA Art Fair à Paris.
Même motif de refus de visa : la France pense que je veux rester là-bas, sans doute parce que ma mère y est installée. Mais, moi, j’ai fait le choix de vivre ici, au Cameroun. Je vais faire quoi là-bas? Vendre des toiles et payer des taxes dessus ? Ça n’a pas de sens, c’est bien plus intéressant pour moi de vendre là-bas, oui, mais de rester à Douala. Ici, je vis bien, je ne meurs pas de faim, je travaille. L’Europe, c’est le cimetière des artistes africains. J’ai besoin de mon environnement pour créer, je ne veux pas perdre mon âme à partir. »
Merci à Lilib