Dans un entretien au site Sport24, l’ex-entraineur de l’AJ Auxerre Guy Roux est revenu sur la non-sélection de Karim Benzema en équipe de France.
Que vous inspire l’affaire Benzema ?
Je suis un homme du peuple. Depuis toujours, je vais boire un coup deux soirs par semaine dans un bistro ouvrier d’Auxerre. J’écoute. Beaucoup de « Gaulois » sont racistes, c’est une certitude. Le jour où on a écarté Benzema des Bleus, un sondage montrait que 70 % de Français ne voulaient pas de lui. Mais ces sondeurs ne vont pas dans les quartiers… Cela fait huit ans que Benzema est au Real Madrid, tout le monde s’accorde à dire qu’il est sensationnel. Alors, on lui reproche de ne pas chanter La Marseillaise… Je ne l’aurais pas chanté non plus, parce que je chante très faux. […]
Selon vous, les dirigeants du football français auraient dû continuer à le sélectionner malgré sa mise en examen ?
Noël Le Graët et Didier Deschamps ne sont pas racistes. Mais ils sont pragmatiques et ont sans doute pensé qu’ils auraient eu tout le monde contre eux en le prenant. Peut-être qu’ils ont bien fait, mais, au final, on n’a pas été champions d’Europe. Avec Benzema, peut-être qu’on l’aurait été. Maintenant, on attend la justice… C’est interminable. Pour moi, cette mise à l’écart est un immense gâchis. Mais c’est bien fait pour nous, les Français. Nous n’avons qu’à être plus ouverts.
C’est-à-dire ?
[…]Tous les bons gamins sont aujourd’hui en banlieue, à Paris, à Lyon. Aujourd’hui, vous enlevez les musulmans du championnat de France, on fait du football à sept. Et encore ! On donne des leçons contre le communautarisme. Moi, je m’en fiche. À partir du moment où les joueurs sont patriotes, cela ne me pose aucun problème qu’ils soient catholiques, musulmans ou protestants.