Ludovic Mendès, candidat REM dans la 2e circonscription de Moselle, a oublié une partie de son CV avant de se présenter. Explications.
Ludovic Mendès, 30 ans, candidat de La République en marche dans la 2e circonscription de Moselle, a-t-il fait preuve de négligence dans la gestion de ses affaires quand, dans une autre vie, il était dirigeant d’entreprise ? C’est ce que semble indiquer le tribunal de grande instance de Metz (il n’existe pas de tribunaux de commerce en Alsace-Moselle), dans un jugement du 7 décembre 2016 qui prononce la liquidation judiciaire de son entreprise, la SARL Enidd, spécialisée dans le nettoyage industriel. La société avait été assignée en justice par l’Urssaf, son principal créancier, après la cession du fonds de commerce, début 2015. L’entreprise avait alors cessé toute activité sans que son dirigeant ne satisfasse à ses obligations déclaratives, autrement dit sans prévenir personne ni prendre le soin d’éteindre la lumière en sortant.
Placée en redressement judiciaire le 12 octobre 2016, la société avait été liquidée deux mois plus tard. « La vente du fonds de commerce empêche tout remboursement du passif », avait constaté durant la période d’observation le mandataire judiciaire, chiffrant dans son rapport le montant des dettes à « 168 000 euros ». Des dettes exclusivement fiscales et sociales, dues pour l’essentiel à l’Urssaf. Bref, de l’argent public…
« Désintérêt »
Très sévère dans ses attendus, le jugement de liquidation a pointé « l’absence de toute collaboration du dirigeant », durant la procédure. Il ne s’est pas présenté aux audiences et n’a versé aucune pièce au dossier, « aucun élément sur l’activité de la société », déplorent les juges commerciaux. « Manifestement, le dirigeant s’est désintéressé totalement de la gestion de sa société depuis la cession du fonds de commerce », écrivent-ils encore.
Contacté par Le Point, Ludovic Mendès dénonce « un procès en sorcellerie destiné à le faire tomber, comme on a voulu faire tomber Richard Ferrand ». « Je n’ai commis aucune infraction », rappelle-t-il. « Le chiffre de 168 000 euros de passif avancé dans le jugement est une taxation d’office qui ne correspond en aucun cas aux sommes dont la société est redevable », assure encore le candidat messin de REM. La légèreté coupable dont il aurait fait preuve à l’égard de la justice commerciale ? « La loi n’impose pas une présence aux audiences ; je ne pouvais m’y rendre car je travaillais », justifie-t-il. Et d’imputer à « des tiers » la liquidation de sa société. « Mon avocat et un nouvel expert-comptable s’emploient à régulariser la situation. Je ne me suis pas barré avec la caisse (sic), je n’ai pas laissé mes salariés sur le carreau et ce n’est pas moi, mais la société, qui doit de l’argent. Je n’ai fait preuve d’aucune négligence, j’ai vécu avec rien avant de retrouver un travail, des huissiers frappent à ma porte et je paie des cautions », témoigne Ludovic Mendès, qui se présente aujourd’hui comme directeur des ventes dans une société de produits désinfectants.
Passif
Après avoir milité dix ans au Parti socialiste, le voilà candidat de La République en marche dans une circonscription où Emmanuel Macron a totalisé 64,27 % des suffrages, au second tour de l’élection présidentielle. Chargé de la « coordination des jeunes » de la région Grand Est au sein du mouvement – devenu parti –, il veut « libérer les territoires et l’emploi » et « donner un coup de jeune » à la future Assemblée.
Ses tracts de campagne et son CV, qui évoquent abondamment ses années de militantisme associatif, omettent d’évoquer son passé de dirigeant et le passif qui en a résulté. La commission d’investiture a-t-elle été informée de ses déboires ? « Normalement, oui. De toute façon, tout est sur Internet et ils ont fait des enquêtes. Mais on ne m’a pas posé la question », jure-t-il. Il rappelle qu’en tout état de cause, « c’est [lui], personne physique, et non une SARL qui est candidat ».