La romancière Maryline Desbiolles a visité la vallée du Paillon, dans l’arrière pays niçois, où lors de la présidentielle le vote FN s’approchait des 60 %. Le chômage est faible, mais la peur de l’étranger y est bien installée.
À quelques kilomètres de Nice, dans la vallée du Paillon que j’habite et qui fut naguère la « vallée rouge », on a voté Le Pen à 60% à la présidentielle, quelquefois plus. À Paris, 90% ont voté Macron, à peine un peu moins que les Français de New York ou de Boston. Où est notre lieu commun ? Après l’élection d’Emmanuel Macron et à l’approche des législatives, la question est toujours aussi vive.
Dans la vallée qui fut rouge, il reste seulement deux maires communistes élus jusque-là par les mêmes qui votent Front national aux élections qui ne sont pas municipales. Au début, en 2002, on s’en est ému, puis la situation d’ « intolérable » est devenue « complexe ». Depuis, le vote Front national n’a cessé de se répandre, comme une eau mauvaise qu’aucune digue du fleuve côtier appelé Paillon ne paraît contenir.
Dans la vallée qui fut ouvrière, il y a quelques immeubles, de plus en plus, mais surtout de petites maisons cernées comme jamais par ce méchant « brise-vue » en plastique vert qui pourrait servir désormais d’étendard. Ce n’est pas une vallée perdue. La voie rapide qui la relie à Nice est au bord de l’asphyxie.[…]
La vallée est pourtant toujours populaire. On le dit, on le « ressent » même si on ne sait plus trop ce que cela veut dire. […]