Depuis plus de quinze ans, NDR Kultur [radio culturelle pour le nord de l’Allemagne de la chaîne publique NDR] publie avec le “Süddeutsche Zeitung” [journal de Munich très marqué à gauche] les “Livres de non-fiction du mois”. Il s’agit d’une liste d’ouvrages recommandés par un jury indépendant. Ce groupe est d’un niveau particulièrement élevé : il se compose de scientifiques renommés, ainsi que d’auteurs et de rédacteurs des grandes entreprises médiatiques allemandes, parmi lesquelles “Frankfurter Allgemeine Zeitung”, “Die Welt”, “Süddeutsche Zeitung”, “Der Spiegel”, “Die Zeit” et la “Deutschlandfunk”. Dans l’édition actuelle de la liste des livres de non-fiction, on trouve en neuvième position “Finis Germania” [“Tu es finie, Allemagne” ou “C’est la fin, Allemagne !”], livre de l’historien Rolf Peter Sieferle, publié à titre posthume . L’admission de ce livre dans les «Livres de non-fiction du mois» a suscité des débats passionnés, à la suite desquels NDR Kultur a suspendu sa collaboration avec le jury.
Selon NDR Kultur et d’autres critiques, l’auteur exprime dans son livre des idées très marquées à droite et des théories conspirationnistes. La chute est considérable : Rolf Peter Sieferle était un historien de réputation universitaire, il a enseigné en dernier à l’université de Saint-Gall. On l’a considéré un moment comme un grand talent à découvrir, en tant que “critique de la civilisation” et en tant qu’érudit à l’ancienne. L’automne dernier, Sieferle, qui était gravement malade, s’est suicidé. Selon les critiques, le dernier ouvrage qu’il a achevé, “Le problème de la migration”, laissait apparaître son brusque virage vers la droite. […]
[…] Barbara Mirow, patronne de NDR Kultur: «La recommandation du jury n’est pas acceptable pour nous. Nous la rejetons résolument. Nous allons suspendre notre coopération avec les «Livres de non-fiction du mois», jusqu’à ce que la question de savoir comment cette grave erreur de jugement du jury a pu se produire soit complètement élucidée. Et en attendant, nous nous ne publierons pas la liste.”
Johannes Saltzwedel du magazine “Der Spiegel”, le juré qui avait proposé le livre, a entre-temps démissionné du jury. Il déplore le rejet qu’a provoqué sa décision: «Je ne voulais en aucun cas nuire à la réputation de cette liste des meilleurs ouvrages de non-fiction». Mais ce qu’a voulu délibérément Saltzwedel, c’est « faire discuter d’un livre très provocateur portant sur l’interprétation de l’Histoire et du présent».
(Traduction Fdesouche)
