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Professeur de Lettres au lycée, Gaultier Bès estime que le baccalauréat, s’il a perdu son caractère élitiste, demeure un rite initiatique, un cadre structurant dans une société du divertissement.

C’est Claudel, je crois, qui disait: «La mort est une formalité désagréable, mais tous les candidats sont reçus!» Je me demande si on ne pourrait pas en dire autant du bac…

On demande aux élèves de se concentrer en profondeur quand tout le dispositif numérique et publicitaire les pousse à s’éclater en surface: le combat est de moins en moins loyal.

[…] Le bac reste un repère important, ce qui n’empêche pas qu’il se réduise de plus en plus manifestement à une simple formalité ! Le bac ne «prouve» plus grand-chose, mais il reste pénible. Il ne sanctionne plus guère la capacité à poursuivre des études supérieures, mais il reste structurant. Ses exigences ont beau avoir été régulièrement revues à la baisse – ou transformées – le bac demeure exigeant pour nos lycéens, ne serait-ce que parce qu’il leur demande de s’arracher un instant aux facilités du tout-virtuel pour tâcher de trouver en eux-mêmes, et non pas en ligne, les réponses aux questions. C’est ce que manifestent les émotions qu’il continue à susciter: la panique avant l’examen, le désarroi au moment de composer, la fébrilité à l’heure des résultats. […]

Vous qui êtes en contact avec des élèves de lycée, quel est selon vous le problème principal dans la transmission des savoirs aujourd’hui (classes trop grandes, défaut d’attention dû aux technologies…) ?

Je me garderais bien d’une réponse péremptoire, tant les causes de nos difficultés actuelles à faire progresser nos élèves me paraissent multiples et entremêlées. Le problème du nombre d’élèves par classe me semble assez relatif: quand l’ambiance est studieuse et les élèves motivés, on peut très bien enseigner à une classe de cinquante lycéens. […]

Mais au-delà de ces problèmes d’organisation interne, et donc de moyens, je pense que nous nous battons contre des forces de distraction toujours plus puissantes et pernicieuses. Aujourd’hui, quand on essaie de lire un poème en classe, ce n’est pas un passant dans la rue ou un bruit dans le couloir qui distrait les élèves, mais l’hyperconnectivité de leurs smartphones (c’est-à-dire l’agitation du monde entier). […]

Le Figaro

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