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Dans son dernier livre, Michel Zinc, historien spécialiste de la littérature du Moyen Âge, explique comment, à travers le christianisme, l’humiliation et l’humilité, telles que nous les concevons aujourd’hui, ont trouvé leurs racines au Moyen Age. Une démonstration qui se révèle capitale pour comprendre le fonctionnement de notre société.

La civilisation médiévale ne craint rien plus que l’humiliation. Pourtant cette « civilisation de l’honneur » adhère avec le christianisme à une religion dont le moment fondateur est une scène d’humiliation : la crucifixion du Christ. Cette contradiction écartèle la société de ce temps. Le christianisme va faire de l’humilité une vertu, idée révolutionnaire qui est étrangère à la morale antique. Le Christ va devenir, dixit Saint-Augustin, doctor humilitatis, un maître d’humilité ; c’est par une inversion des valeurs que l’humiliation de l’humilié va se transformer en gloire de l’humilité. La dernière des Béatitudes ne dit pas autre chose : « heureux êtes-vous si l’on vous insulte à cause de moi… Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. »

Sentiment douloureux et ambivalent, l’humiliation telle que nous la concevons aujourd’hui trouvent ses racines au Moyen Âge. C’est à cette époque, où se met en place une société modelée par le christianisme, que la civilisation occidentale doit sa capacité à s’identifier aux humiliés.

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Si « la recherche, parfois extrême et exaltée, de la mortification et de l’ascèse est une constante du sentiment religieux au Moyen Âge » (p. 83) n’en va-t-il pas de même, dans une moindre mesure, pour nous ? Ne sommes-nous pas souvent contrits ou dans une logique de flagellation vis-à-vis de notre passé historique ou régulièrement pris de compassion pour l’humilié que l’on voit sur nos écrans, pris soudain par l’impérieux besoin de faire pénitence ? […]

atlantico via news.yahoo

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