Journaliste et docteur d’État en science politique, Annie Laurent, décrypte le discours d’Emmanuel Macron devant le Conseil français du culte musulman. Pour Macron contrairement à ce qu’il a affirmé, des contradiction entre l’islam et la République existent bel et bien.
En se mêlant de l’organisation de l’islam en France, je crains que l’État ne contribue, sans doute malgré lui et tout en dénonçant le communautarisme, à confessionnaliser les musulmans, alors que, selon la Constitution de notre pays, ceux-ci sont d’abord des citoyens avant d’être chrétiens, musulmans, juifs ou autres. On risque donner à l’islam le statut de religion d’État comme le regrettait feu le cardinal Lustiger.
Pour les musulmans convaincus la Charia est supérieure à toute loi humaine, donc à celle de la République.
À l’occasion du repas de clôture du jeûne du Ramadan (Iftar), Emmanuel Macron a prononcé ce mardi un discours devant le CFCM (Conseil français du culte musulman), dix ans après Nicolas Sarkozy. Il a notamment affirmé que «personne ne pouvait faire croire que l’islam n’était pas compatible avec la République». Qu’en pensez-vous ?
Pour les musulmans, les principes d’organisation sociale et politique sont d‘ordre divin. Ils s’appuient sur deux sources principales: le Coran et la Sunna (la tradition mahométane). On voit bien la discordance avec le modèle démocratique lorsqu’on considère notre devise nationale: «Liberté, Égalité, Fraternité». Sur la question des libertés: pour nous, Français, la liberté est universelle et également partagée. Dans l’islam, il n’y a de libertés que restreintes: ainsi en est-il, par exemple, de la liberté de conscience, qui est inexistante. Par conséquent, un musulman ne peut être reconnu comme athée ou se convertir à une autre religion. […]
Concernant l’égalité, le Coran instaure la supériorité du musulman sur le non-musulman et l’homme sur la femme. Ces principes ne sont pas discutables puisqu’ils relèvent de l’arbitraire divin. Autrement dit, ils ne peuvent être sujets à modification. On perçoit immédiatement les problèmes que cela peut poser dans la vie sociale. Certes, l’islam reconnaît le principe de «fraternité», mais il ne s’applique qu’au sein de l’Oumma, la communauté des croyants musulmans. C’est pourquoi un musulman peut se sentir d’abord citoyen de l’Oumma avant d’être citoyen de son propre pays si celui-ci n’est pas régi par l’islam. Il en résulte une grande divergence avec les fondements démocratiques. […]
Merci à valdorf