La lune de miel diplomatique entre les deux pays n’a pas débouché sur les contrats mirobolants tant attendus par Paris. Au contraire, la France semble en voie de marginalisation avancée, dans le civil comme dans le militaire.
Un proche du chef de l’État, un certain Jacques Attali, a d’ailleurs joué le rôle de sherpa du président auprès du prince saoudien de 32 ans qu’il conseille depuis plusieurs mois, lors d’un voyage à Riyad début mai. ” Attali et MBS se connaissent depuis huit ans, cela peut faciliter le rapprochement entre Macron et MBS qui en plus sont de la même génération ” précise un diplomate.
Le président de la République hérite là d’une mission sauve-qui-peut compte-tenu du passif enregistré sous le quinquennat Hollande. Industriels et diplomates ont encore en mémoire l’improbable voyage de Manuel Valls dans le pays en octobre 2015. Cette visite qui devait être celle de tous les records, la foire aux grands contrats civils et militaires, le symbole de l’entente cordiale entre la France et l’Arabie Saoudite, s’était achevée dans la défaite et le déshonneur. Les A380? Le contrat, prêt la veille de la visite, est annulé en pleine nuit. ” Les Saoudiens se sont aperçus qu’ils n’avaient pas besoin de ces avions, raconte un membre de la délégation française. Le contrat Veolia? Présenté comme bouclé, il n’a jamais été finalisé. L’accord sur l’ouverture d’une usine de plasma avec le Laboratoire français du Fractionnement et des biotechnologies (LFB)? Enterré en première classe. Les patrouilleurs CMN? Le contrat n’est toujours pas entré en vigueur, et serait même menacé, selon des sources concordantes.
Depuis 2012, la France n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour plaire à son allié saoudien, entre la légion d’honneur remise au prince Mohammed ben Nayef, le silence quasi-total sur les frappes de Riyad et de ses alliés au Yémen, et la position dure sur le dossier iranien. Quant aux imprudents qui osaient critiquer le grand allié wahhabite, ils étaient cloués au pilori, comme en témoigne cette note au vitriol, que Challenges s’est procuré, du think-thank du ministère des Affaires étrangères – le CAPS – à propos du livre du haut fonctionnaire Pierre Conesa : ” Docteur Saoud et Mister Djihad ” paru en 2016 chez Robert Laffont (voir ci-dessous).
Mais contrairement à une légende médiatique abondamment entretenue, la lune de miel diplomatique entre Paris et Riyad ne s’est pas traduite par les milliards de contrats qu’espérait l’Élysée. (…)
Merci à Lilib