Article du Monde sur la communauté musulmane de Nice qui a vécu une année” entre deuil, colère et stigmatisation”.
Cherkouiai en convient, elle est «d’une nature un peu peureuse». Mais, derrière le voile gris perle qui lui encadre le visage, cette mère de famille d’origine marocaine qui habite l’Ariane, tout à l’est de Nice, reconnaît qu’elle ne vit plus comme avant le 14 juillet 2016. «Je sors peu et je rentre tôt à la maison, détaille-t-elle. Je suis sur mes gardes. Je crains une autre attaque, mais aussi la réaction des gens quand ils me voient.»
Au lendemain de l’attentat, comme beaucoup d’autres Niçois, Cherkouiai s’est rendue sur la promenade des Anglais, pour exprimer «sa révolte de musulmane et sa compassion». «Là-bas, des gens m’ont dit : ‘C’est votre faute ce qui est arrivé’», soupire-t-elle. Depuis, elle évite les lieux et reste à l’Ariane, à dix bons kilomètres du centre.
Cherkouiai n’est pas la seule femme de l’Ariane à ressentir cette inquiétude. «C’est une réaction de repli à laquelle nous avons été beaucoup confrontés, confirme Hamass El Batlaoui, 26 ans, responsable de l’antenne de Médiation. Cité dans le quartier. Un an après l’attentat, cela s’estompe, mais je suis toujours surprise, quand je vais sur la Prom’, de ne plus croiser personne d’ici» Sur les tables, quelqu’un a déposé des gâteaux de l’Aïd-el-Fitr. La grande fête qui marque la fin du ramadan a eu lieu il y a quelques jours. Sereinement.