Chronique de Raphaël Glucksmann intitulée “Les migrants, ces ombres de la République”.
Les migrants sont bien des hommes, des femmes, des enfants, auxquels notre République offre le visage de l’indifférence les bons jours, de la violence d’Etat les mauvais.
Du sud au nord de la France, de la vallée de la Roya au port de Calais, des ombres errent sur notre sol, dorment sur nos trottoirs, fuient notre police. Certains les voudraient invisibles et pourtant nous les voyons.
Nous les voyons d’autant plus que rien n’est mis en place pour les accueillir. Nous voyons leurs mines hagardes. Nous voyons leurs regards épuisés. Ils sont l’autre face de la mondialisation, celle qu’on oublie toujours dans nos célébrations de l’ouverture des frontières. Ils ont traversé l’enfer de Libye et la fosse commune aquatique appelée Méditerranée. Ils ont échappé aux tortionnaires et aux passeurs, aux violeurs et aux voleurs. Nous les voyons et, le plus souvent, nous continuons notre chemin.
Et pourtant ce sont bien des hommes et des femmes que nous apercevons aux abords du périphérique parisien, porte de la Chapelle. […]