En visite, à La Chapelle, à Paris, le “défenseurs des droits” Jacques Toubon (76 ans) estime que le plan gouvernemental « s’inscrit dans la ligne des politiques successives qui dysfonctionnent depuis trente ans ».
«On commence par où ?» Le défenseur des droits, Jacques Toubon, jette un œil à droite à gauche, opère presque un tour complet sur lui-même. Il est 9 heures, porte de La Chapelle, à Paris, et les migrants affluent de tous côtés. La file d’attente pour un petit déjeuner chaud s’allonge, la file devant l’entrée du centre de transit est déjà bien longue. C’est comme cela tous les matins, dans le 18e arrondissement de la capitale.
Ce vendredi, Jacques Toubon est venu mesurer lui-même ce qu’il se passe autour du point d’accueil mis en place en novembre 2016 par la mairie de Paris et empêché de fonctionner à plein régime par l’Etat, ce qui fait que l’endroit ne désemplit pas.
Le lieu est symbolique, fait-il observer, car «il permet de voir les deux facettes de la politique. D’une part, il y a, à l’intérieur du centre, des migrants qui sont bien pris en charge, preuve que l’on sait faire ; de l’autre, il y a tous ceux qui ne parviennent pas à y entrer et qui montrent que le plan annoncé par le gouvernement la semaine dernière est décevant.»
Pour M. Toubon, «il aurait fallu que le gouvernement propose la mise en place de cinq à dix centres de premier accueil un peu partout en France pour éviter aux migrants de dormir dehors, pour les nourrir et apporter une réponse à leurs problèmes de santé». […]
Sur un plot en ciment, un groupe de Soudanais attend. Les traits tirés après des nuits sur le terre-plein central au milieu du boulevard des Maréchaux, l’un d’eux lève ses yeux fatigués. «Monsieur, pourquoi êtes-vous là ce matin ?», lui demande M. Toubon. De fil en aiguille, l’homme, qui attend de déposer sa demande d’asile, lui raconte le Darfour, la traversée de la Méditerranée et son désarroi, ici.
«Cet homme incarne ce qui ne fonctionne pas, résume M. Toubon. Chaque personne qui entre en France doit voir ses droits fondamentaux respectés. Ce sont des droits inconditionnels et c’est à l’Etat à y répondre. Or, une nouvelle fois, nous avons un gouvernement qui va proposer un nouveau texte de loi à la rentrée au Parlement. C’est la même chose depuis 1974, et ça ne résout rien. »
[…]