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Le festival des Sud a ouvert a eu lieu à Arles du 10 au 16 juillet. La directrice Marie-Jo Justamond est interviewée par le quotidien algérien El Watan sur les objectifs de cette semaine de musiques du monde qui célèbre sa 22e édition.


Marie-Jo Justamond

[…]

Depuis quatre ans, en raison des incertitudes politiques, ou plutôt électorales, il y avait quelques inquiétudes pour la culture. Est-ce fini ?

Les inquiétudes sont toujours aussi présentes. C’est vrai que dans notre région il y a un fort vote Front national. Pour la responsable que je suis, d’un festival qui s’intéresse aux musiques de tous les pays, c’est vrai que c’est là un vrai problème.

Simplement, ce qui fait la différence avec les dernières échéances électorales, c’est que même avec un vote Front national important, une partie de l’électorat se reporte sur les candidats républicains. Les populations ont besoin d’espoir. Une partie de l’extrême ne demande qu’à croire et à s’ouvrir à la générosité. A condition qu’il y ait une possibilité de développement équilibré et équitable. […]

Aux Sud, on n’oublie jamais les enjeux mondiaux essentiels. On se souvient il y a deux ans du président de Région, qui lançait un appel pour les migrants. Une question dont on parlera encore cette année en marge du festival avec la Caravane syrienne le premier jour et le projet du musicien catalan Jordi Savall. Pourquoi ?

C’est Orpheus XXI : musique pour la dignité. Jordi Savall, très engagé auprès des réfugiés a joué notamment à deux reprises à Calais auprès des migrants et de leurs soutiens. Il a décidé d’agir et de faire tout ce qu’il peut pour faire connaître cette situation.

Il faut tout de même préciser que Jordi Savall est l’un de ceux qui ont fait découvrir en France et en Europe la musique dite «baroque…»

… Oui. Il tourne dans le monde entier. Il joue de la viole de gambe. Sa générosité est méritoire puisqu’il a monté un orchestre avec des musiciens tous migrants après avoir fait le tour en Europe des camps de réfugiés. Ici à Arles, le 14 juillet à la mi-journée, nous accueillerons le groupe. Ce sera la première d’une grande tournée européenne de deux ans. Il y aura une musicienne syrienne, joueuse de oud et chanteuse qui répète en ce moment avec cette formation dans laquelle il y aura des enfants réfugiés.

Avec la caravane syrienne qui ouvre le festival, cela ne donne-t-il pas un goût particulier à cette édition ?

C’est un festival concerné. Nous avons aussi un beau partenariat avec SOS Méditerranée, qui était déjà présent l’an dernier. L’association Secourt, avec son bateau l’Aquarius les réfugiés échoués en mer. Nous avons créé une billetterie solidaire pour la soirée du 13 juillet, avec notamment sur la scène du théâtre antique les derviches tourneurs syriens de Damas de Nouredine Kourchid et l’Espagnole Cynthia Perez Croz.

El Watan

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