Après un intense week-end de débats, les cadres du Front national ont entériné une nouvelle hiérarchisation de ses priorités : les frontières d’abord, l’Euro en dernier. Récit d’un séminaire de concessions.
Aucune décision n’est sortie du week-end studieux du Front National, mais un message en forme de symbole, avec la hiérarchisation des souverainetés dans un ordre de priorités. Désormais, la suppression de Schengen passera avant celle de l’euro. Autrement dit, le rétablissement des frontières est considéré comme une priorité, bien avant la fin de l’euro, repoussée en dernière place des souverainetés à retrouver en cas d’accession au pouvoir. Un terrain d’entente obtenu au terme de discussions «parfois compliquées», dixit un séminariste. La rédaction du texte final, diffusé par communiqué, n’a pas été une mince affaire.
Dans l’entourage de Florian Philippot, vice-président du FN qui reste très attaché à la sortie de l’Euro, certains n’ont pas forcément apprécié le terme «prioritairement» associé à la «souveraineté territoriale». Il renvoie en creux la question de l’Euro à une problématique secondaire. «Cette mesure est donc reléguée aux calendes grecques et de plus, elle est conditionnée à l’organisation d’un référendum» se réjouit un séminariste, convaincu d’avoir assisté à l’enterrement politique de la sortie de l’euro. De fait, ce qui était proposé, hier, comme un préalable incontournable du souverainisme FN, ne l’est plus, un coup dur pour la maison Philippot.
Des échanges ont eu lieu sur les «fondamentaux» du Front national, prouvant que tout le monde ne partageait pas la même définition d’un terme marquant l’ancrage historique du parti sur certains thèmes comme l’immigration et la sécurité.
Les frontistes ont réfléchi aux moyens d’élargir leur implantation locale. Ils se sont dits à nouveau prêts à constituer des listes ouvertes sans exiger des membres exclusivement FN, ce qui n’est pas une nouveauté. C’est une façon de reconnaître la réussite du modèle de Béziers où, en tant que maire soutenu par le FN, Robert Ménard est parvenu à faire élire une liste composite d’élus issus d’horizons divers. «Cela pourra débloquer pas mal de choses localement» se réjouit un cadre. Le FN considère que les alliances politiques doivent d’abord passer par le local et les prochaines municipales devraient concrétiser cet objectif.
Entre la «mélenchonisation» du discours mariniste et la forte attente concernant «l’union des droites», le Front national devait trouver une voie pour se rendre audible. Au final, le séminaire a choisi de se maintenir sur le créneau du «ni droite, ni gauche». Cependant, de nombreuses voix se sont élevées à Nanterre pour demander à Marine Le Pen que cet axe ne devait pas signifier une préférence pour le «ni droite, ni droite». Manière polie d’exiger un rééquilibrage de la ligne en direction de l’électorat de droite.
D’ailleurs, dimanche, la présidente du Front national a reconnu une autre erreur de campagne: l’absence de message d’appel clair aux électeurs de François Fillon durant la présidentielle, alors que les appels aux électeurs mélenchonistes avaient été jugés beaucoup plus audible. «Marine a admis que cette vidéo en direction des électeurs de droite avait manqué» relève un participant, impatient de connaître le contenu de la grande consultation des adhérents. En septembre, les adhérents pourront aussi le lire comme une synthèse des travaux du premier séminaire de la refondation du Front national.