À Verduron-Bas (15e), tout a commencé dans l’été 2012. “Les bruits de motocross étaient si violents le soir, qu’on était certaines que ça ne durerait pas, décrit Nathalie. Ce n’était pas pensable, on allait les arrêter !” Puis l’hiver est arrivé. “Ils ont sévi surtout le samedi après-midi.” Et l’été suivant, ce fut tous les soirs à nouveau, l’été d’après encore et encore jusqu’à ce mois de juin 2017 où Nathalie sent que quelque chose a bougé en elle…
“En sortant du travail, j’ai commencé à appréhender de rentrer chez moi. On ne sort plus dans le jardin parce qu’on ne s’y entend pas parler, on n’invite plus d’amis. Insidieusement, je suis entrée dans un état de nerfs, ce bruit m’est devenu insupportable, je ne peux plus l’entendre, c’est trop”, et finit par lâcher, honteuse, le mot : dépression.
Honteuse, parce qu’on lui fait sentir parfois que ses problèmes sont ceux de nantis intolérants. Ou bien, qu’elle est “obsessionnelle” ou, coup de grâce : qu’à ce compte-là, il ne fallait pas venir vivre dans les quartiers Nord.
Bien sûr, la pratique, qui s’est trouvé le nom de cross bitume, ne se contente pas des frontières du nord de Marseille. Elle s’étend à l’Est, au Sud et au-delà, elle sévit dans de très nombreuses villes de France, d’une façon particulièrement redoutable cet été. En termes de nuisances, le stade de la Pépinière, à Saint-Menet (11e) avait atteint des sommets. Cet ancien terrain de foot municipal a été transformé en décharge sauvage ces dernières années, après avoir été occupé par les gens du voyage. (…)