L’adolescente qui était promise à Adel Kermiche puis à Rachid Kassim a répondu aux enquêteurs après la mort du terroriste de Saint-Etienne-du-Rouvray. Retour sur l’audition de la fiancée maudite qui a perdu tous ses futurs époux, avant même de les rencontrer.
« On faisait plein de projets ensemble. La veille, il m’a appelée en me disant qu’il était chez sa mère et il voulait que je lui dise absolument que je l’aimais. Il me demandait aussi si j’acceptais d’être son épouse au paradis ». Mikaëla [prénom modifié] le jure aux policiers, elle ne connaissait pas le dessein morbide de son futur mari, Adel Kermiche qui a assassiné le père Jacques Hamel et blessé grièvement un paroissien le 26 juillet 2016, à Saint-Etienne du Rouvray.
Promise religieusement au jeune radicalisé avant le décès de celui-ci, la jeune femme n’a pas encore dix-huit ans lorsque les policiers de l’anti-terrorisme, la placent en garde à vue pour savoir si elle était au courant du projet d’attentat de cet homme qu’elle ne connaissait que virtuellement à travers la messagerie Telegram installée sur son téléphone deux jours plus tôt sous le pseudo « Umm Housna ». « Il ne m’a jamais parlé d’attentat, affirme-t-elle aux enquêteurs. C’était quelqu’un que j’aimais et que je ne voulais pas perdre. Donc oui, son message était clair mais je ne voulais pas y croire. Donc oui, notre conversation, c’était un adieu. »
Avant de connaître virtuellement, le futur assassin du prêtre, la jeune femme avait été déjà été promise à un premier homme. Mohamed Nassim Niati, un djihadiste décédé en Syrie. Mikaëla, dont les yeux sont bleus sous le niqab, est tombée ensuite sur Kermiche. Le couple virtuel devait se marier et partir en Syrie. (…)
Le jour de l’assassinat du prêtre, Mikaëla est vacances en Iran avec sa demi-sœur Alexandrine*, une étudiante de 24 ans. La jeune promise dont le téléphone renferme l’image de la statue de la liberté revêtue du drapeau noir de Daech apprendra la mort de son futur époux le lendemain par une amie. (…)
Mikaëla est une jeune femme égarée et sous influence, dont le père est décédé quand celle-ci avait trois ans. Bourrée de complexes et d’incertitudes, en échec scolaire à cause d’un trouble de la parole lié un dysfonctionnement neurologique, elle vit dans « une bulle et se croit intouchable », selon son expression. (…) Mikaëla s’est convertie seulement quinze jours avant sa garde à vue mais se projette dans un ailleurs utopique, un « monde meilleur ». (…)
Pourtant son téléphone contient le numéro de téléphone d’un proche d’Omar Omsen, le principal recruteur de djihadistes français en Syrie pour Daech. Mais aussi et surtout la photocopie du passeport du djihadiste et propagandiste Rachid Kassim, que la jeune femme surnomme « Casimir ». Rachid Kassim, le commanditaire de l’attentat de son futur mari Adel Kermiche, et dont elle est devenue par la suite la promise. Mikaëla devait aller rejoindre « Casimir » en Jordanie, avec l’aide financière de sa mère.
A la mort de Kermiche, Kassim a repris la chaîne Telegram du défunt, lâche-t-elle au policier. (…) Kassim lui adressait des « audios », elle lui répondait « par écrit ».(…) En pleurs, Mikaëla ne comprend pas « pourquoi elle « se retrouve dans tout ça ».
(…) Fin janvier, la jeune femme était promise à un quatrième mari, un jeune belge radicalisé…