Un policier a été tué jeudi d’une balle dans la tête pendant une manifestation dans la ville d’Ejido, dans l’ouest du Venezuela, où un homme de 30 ans avait déjà péri la veille pendant une autre protestation. Ce décès porte le nombre de morts à 8 pendant la grève générale convoquée mercredi et jeudi par l’opposition, et à 113 depuis le début des manifestations au Venezuela en avril, selon le parquet.
L’opposition, qui appelle au blocage des rues principales de chaque ville jusqu’à dimanche, défie ouvertement le président Nicolas Maduro. Les contrevenants s’exposent à 5 à 10 ans de prison, a prévenu jeudi le ministre de l’Intérieur, le général Nestor Reverol. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a estimé vendredi que personne ne devrait être obligé de voter. “Nous sommes très inquiets“, a dit à Genève une porte-parole du Haut-Commissariat, “les souhaits du peuple vénézuélien de participer ou non à cette élection devraient être respectés“. […]
Le Venezuela s’enfonce un peu plus dans la violence. Les affrontements entre forces de l’ordre et opposants ont déjà fait 108 morts. L’opposition a appelé à bloquer les rues jusqu’à l’élection prévue dimanche d’une Assemblée constituante contestée, dans un climat de violences meurtrières et de vive inquiétude internationale.
Venezuela : la répression a déjà fait 108 morts
Jeudi, les affrontements au Venezuela ont encore fait cinq morts. La répression des forces de l’ordre est particulièrement sanglante. Depuis quatre mois, 4 000 personnes ont été arrêtées. Rares sont les témoignages de ceux qui ont été libérés. Un opposant a néanmoins accepté de répondre à France 3, sous couvert d’anonymat, sur ses quatre jours de torture passés en prison. “Avec des tenailles, ils m’ont d’abord arraché les cheveux, puis avec les mêmes outils, ils s’en sont pris à mes oreilles, à ma poitrine et à mon abdomen. Après, avec un marteau, ils m’ont frappé sur les coudes et les genoux à plusieurs reprises”, raconte-t-il.
Le Venezuela glisse dans le chaos. Alors que deux nouvelles personnes ont été tuéesdans des manifestations contre le pouvoir, jeudi, les Etats-Unis ont ordonné aux familles des diplomates en poste de quitter le pays. Nicolas Maduro, lui, proposé jeudi un dialogue à ses adversaires avant l’élection contestée dimanche de l’Assemblée constituante, contre laquelle l’opposition a appelé à une grève générale et à manifester malgré l’interdiction du gouvernement, une situation explosive qui a fait deux nouveaux morts.
«Je propose à l’opposition politique vénézuélienne qu’elle abandonne le chemin de l’insurrection (…) et que nous instaurions dans les prochaines heures, avant l’élection et l’installation de l’Assemblée constituante, un cadre pour dialoguer», a déclaré le chef de l’Etat socialiste, tout en affirmant que son projet de modifier la Constitution irait jusqu’au bout.