Les tentatives de prise en charge de ces mineurs isolés marocains, âgés de 10 à 17 ans, par la municipalité parisienne se sont soldées par des échecs
Dans le petit square Alain-Bashung, situé au cœur du quartier de la Goutte-d’Or, à Paris (18e), ils sont une trentaine ce jour-là à traîner leur « misère », disent-ils, et leurs corps écorchés. Tous sont mineurs, isolés et originaires du Maroc. Le plus jeune garçon a 10 ans, le plus âgé, 17 ans. Il y a quelques mois, une quinzaine d’enfants et d’adolescents sont ainsi apparus pour la première fois dans les rues de la capitale.
Dépassés par leur jeune âge, leur forte consommation de drogue – ils sniffaient de la colle dans des sacs en plastique –, leur violence et leur refus de se soumettre aux règles des services de l’aide sociale à l’enfance, les pouvoirs publics et les habitants ont été pris de court. Les tentatives visant à les prendre en charge se sont soldées par des échecs. Un phénomène inédit. (…)
La plupart vivaient déjà dans la rue au Maroc, ils sont arrivés à Paris en passant par Tanger, Melilla (Espagne), Barcelone ou Madrid. « En train, prétend Amine, 17 ans, originaire de la ville de Fez. Mais sans payer les billets. » Amine a des yeux fatigués et des traces de scarifications sur les avant-bras. « Je me suis fait ça tout seul, confie-t-il. J’ai tellement souffert, je n’en peux plus. » Les brûlures qu’il a sur le corps, en revanche, sont récentes. Samir, 13 ans, casquette noire vissée sur ses cheveux décolorés, présente plusieurs entailles à la main droite et au bras. « Ici, à Paris, on se fait démolir par des Algériens du quartier », assurent-ils.
« Ils ont l’air complètement shootés et sont dangereux, lance Alex Adly, 72 ans, un pilier du quartier, patron du Country Bar depuis vingt-huit ans. Ils se tapent dessus et se baladent avec des couteaux. » « Je les ai entendus parler, ils sont marocains, affirme une habitante. Ils escaladent une poubelle pour pénétrer dans un garage abandonné. »