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Daech. Reportage au cœur de l’archipel, l’un des plus grands pourvoyeurs de candidats au martyre, gangréné par la corruption et les gangs liés à la drogue.

Comme Munsif, plus de 200 Maldiviens ont pris depuis 2014 la route de la Syrie et de l’Irak pour combattre avec Daech. Le pays des atolls de rêve en est, rapporté à sa population (380 000 habitants), le premier pourvoyeur au monde ; comme si, de France, étaient partis 44 000 candidats au djihad.

L’archipel a son Molenbeek : Himandhoo, où le cheikh Ibrahim Fareed avait établi, avant l’intervention de l’armée maldivienne, un petit califat. Cinquante combattants étaient déjà partis de cette île dans les années 2000 pour se battre en Afghanistan aux cotés des talibans. De l’atoll de Gaafu Alifu, ce sont 12 membres d’une même famille, dont l’un a obtenu une licence de pilote aux États-Unis, qui ont rejoint la Syrie l’an dernier. Les services secrets américains, redoutant un nouveau 11 Septembre, sont sur leurs traces. Avec les revers enregistrés par Daech, les morts sur le champ de bataille se font chaque jour plus nombreux. Turab, Abu, Nuh, Mihaaru : le panthéon des martyrs du djihad est actualisé quotidiennement sur les pages Facebook des sites Bilad Al Sham Media ou Haqqu, qui recueillent des dizaines de milliers de like.

Les Maldives ou l’islam dévoyé, fruit d’un cocktail fatal de drogue et de criminalité, avec la complicité d’un État mafieux sous emprise saoudienne. Il faut oublier les plages désertes : Malé est, avec plus de 200 000 habitants sur 4,7 kilomètres carrés, la ville le plus densément peuplée au monde. Les appartements y coûtent plus cher qu’à Londres, alors que les revenus sont ceux d’un pays en voie de développement. Avec ses nuées de cyclos, ses grands chantiers confiés aux Chinois, Malé est une ruche. De jour, on y croise des femmes en burqa noire tout comme de jeunes couples tendance. La nuit appartient aux dealers. Du haschisch indien, mais surtout de l’héroïne : le “sucre brun” pakistanais ou afghan et la blanche en provenance du Triangle d’or. ”

“Shameem est le plus grand recruteur de djihadistes, affirme Ahmed (un nom d’emprunt), ancien membre des forces de sécurité maldiviennes. Il a été plusieurs fois en “voyage culturel” en Syrie. Lui et ses hommes ratissent l’archipel atoll par atoll. Il organise des sortes de pique-niques dans des îles désertes, en réalité des camps d’entraînement.” Le cheikh Shameem a 28 527 like sur sa page Facebook, 13,3 % de la population locale. Il est la vedette absolue du djihad maldivien. Un recruteur de Daech qui participe à des oeuvres de bienfaisance organisées par la première dame sur “La place de la femme dans la société maldivienne”…

Initialement bouddhistes, les Maldives ont été converties à l’islam au XIIe siècle. Un islam soufi, tolérant, qui a perduré jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Maumoon Gayoom, demi-frère de l’actuel président, Yameen, en 1978. “Ma mère a vécu torse nu sur son atoll de Tinadhoo jusqu’à l’âge de 16 ans, se souvient Shahindha Ismail. Personne n’y trouvait à redire. Quarante ans plus tard, elle porte le voile et exige que ses petites-filles soient voilées à 10 ans.”

[…] Le Point

Merci à valdorf

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