1) Décoloniser les imaginaires du théâtre français
Signe de « l’entre-soi » du théâtre français, des programmes spécifiques tels que Premier acte (Stanislas Nordey) ou Egalité des chances (Conservatoire de Bobigny) ont été mis en place ces dernières années afin de favoriser l’intégration des jeunes issus de la diversité et des quartiers populaires.
La soirée des Molières 2016, où le seul « comédien » noir invité sur scène jouait les vigiles et était rebaptisé Touchi-Toucha par le maître de cérémonie Alex Lutz, montre qu’il reste beaucoup à faire dans un milieu pourtant réputé pour son sens de l’avant-garde…
Pour les acteurs de ce combat, il s’agit avant tout de décoloniser les imaginaires des professionnels afin que bientôt, les scènes comme le public du théâtre français, offrent un plus juste reflet de notre société.
Il suffit d’un noir sur le plateau, par exemple chez Pommerat, pour que tout le monde se disent mais quelle est la signification dramaturgique de la présence de cet individu noir ? David Bobée
Tout est blanc par défaut. Yasmine Modestine
30% de la population française n’est pas blanche et la culture de France continue à représenter une écrasante majorité de blanc pour des blancs. David Bobée
- Stanislas Nordey, directeur du Théâtre national de Strasbourg et initiateur du programme Premier acte
- Eva Doumbia, metteuse en scène
- Nicolas Bigards, metteur en scène et professeur au conservatoire de Bobigny
- Francis Tamboy, élève de la classe Egalité des chances du conservatoire de Bobigny
- Yasmine Modestine, comédienne, ancienne élève du Conservatoire national supérieur d’art dramatique
- David Bobée, directeur du Centre dramatique national Normandie-Rouen
- Sylvie Chalaye, spécialiste du théâtre africain
2) Ecrans noirs
Quelle image de la diversité nous propose la télévision et le cinéma ?
Depuis Chaise en bascule des frères Lumière (1899) qui s’attarde sur le duo Footit et Chocolat jusqu’à Intouchables (2012) ou le récent Chocolat (2016), quelle représentation des Noirs et plus largement des minorités visibles, le cinéma populaire nous propose-t-il ?
Quel regard les professionnels issus de la diversité portent-ils sur la télévision et le cinéma, qui façonnent l’imaginaire des Français ? Stéréotypes, discrimination, quotas, modèle américain… ils portent un regard sans concession sur nos écrans.
Omar Sy est un acteur formidable mais “Chocolat” est pour moi un film de merde ! Greg Germain
Quand on a des formes et qu’on est noire et qu’on n’a pas le physique de la jeune première, on vous propose le rôle de la prostituée. Dany Boumon
Le problème du cinéma français c’est qu’il est financé par l’État donc dès qu’on aborde l’histoire coloniale l’histoire des guerres c’est tabou. Pascal Tessaud
L’universalité est toujours à sens unique. Vu d’ici le blanc est universel et le noir est particulier. Yasmine Modestine
Ce que joue Omar Sy dans «Intouchable» c’est un corps. Ce n’est pas innocent…. Le noir a toujours été un corps dans l’imaginaire blanc français occidental et colonialiste. Régis Dubois
- Yasmine Modestine, actrice
- Greg Germain, acteur
- Pascal Tessaud, réalisateur
- Catherine Jean-Joseph, fondatrice de l’école de cinéma Miroir, membre de l’observatoire Medias-Education du CSA et ancienne conseillère fiction à France 2 et TF1
- Dany Bomou, étudiante à l’école Miroir
- Sylvie Chalaye et Régis Dubois, spécialistes du cinéma noir
Merci à bixente