Hurlements, jets de barrières, intervention des CRS… Le boulevard de la Villette, aux confins des Xe et XIXe arrondissements, était sous extrême tension, durant la nuit de mardi et mercredi. Et jusqu’aux petites heures du matin.
Depuis 18 mois, la situation ne cesse d’empirer devant la plateforme d’accueil (PADA) de France Terre d’Asile. Etape incontournable pour les demandeurs d’asile primo-arrivants. Seulement voilà : les réfugiés affluent par milliers ces dernières années, et l’unique local du boulevard de la Villette ne parvient plus à endiguer le flux des migrants, contraints, parfois, de dormir 7 ou 8 nuits sur les trottoirs avant de franchir les portes de la PADA… Avant de subir à nouveau l’interminable attente d’un rendez-vous à la préfecture.
Jour et nuit, ils sont désormais près de 300 à battre le pavé. « C’est indigne, inhumain, s’insurge Christophe, un riverain du boulevard. Et très violent pour nous aussi. La nuit dernière, il y a eu une première émeute autour de la distribution de repas : les migrants errent à la recherche de nourriture et se jettent sur les camionnettes d’approvisionnement. Ensuite, les barrières ont volé : chacun voulant se rapprocher le plus possible des portes du local pour y accéder le lendemain… Un homme a eu une main fracturée dans les échauffourées. Il faut absolument se mettre autour d’une table et réfléchir à une solution digne pour les migrants », martèle Christophe.
Au petit matin, à bout, quelque 200 hommes ont envahi les locaux et ont été dispersés par la police qui a fait usage de lacrymogènes, contraignant la PADA à fermer ses guichets. Une situation devenue explosive au fil des mois, et qu’ont déjà dénoncée à plusieurs reprises les maires (PS) des Xe et XIXe arrondissements, Rémi Féraud et François Dagnaud. L’ouverture d’autres plateformes d’accueil, à Paris, a également été évoquée… En vain. Une nouvelle fois, les habitants du secteur ont envoyé ce mercredi un courrier circonstancié aux élus parisiens et à la préfecture de police : « Il y a maltraitance planifiée, acceptée, intégrée par beaucoup d’acteurs impliqués dans ce système, déplorent-ils. Quant aux habitants, ils sont maltraités et humiliés de manière collatérale. Nous attendons un acte politique fort pour faire cesser cela. »
Tous les collectifs d’habitant des secteurs de la Villette, Flandre et Stalingrad envisagent de se réunir le 12 septembre prochain. Des actions pourraient être décidées : notamment le blocage du boulevard de la Villette. « Il faut une opération coup de poing, estime un riverain. La situation est devenue honteuse, et tellement anxiogène… »