Stratégies pour intégrer la « bonne » classe, passage dans le privé… Entre leurs idéaux et leurs enfants, de nombreux parents ont choisi.
Un quartier banal, dans une petite commune des Vosges. Autrefois – il n’y a pas si longtemps, jusqu’au début des années 2010 –, l’école du coin grouillait de toutes sortes d’enfants. Des enfants d’ouvriers et des enfants de cadres, des enfants de profs et des enfants de chômeurs, des enfants d’ici et d’ailleurs et des enfants plus tout à fait d’ailleurs mais qu’on appelle toujours les «enfants d’immigrés». En somme, l’école rassemblait tout le monde. Mais, petit à petit, certains l’ont désertée pour les « bonnes » écoles du centre ou l’école privée du quartier, celles fréquentées par des « gens comme il faut ». L’école s’est mise à ressembler aux établissements ghettos, ceux dont on parle dans les journaux, et qu’il faut éviter à tout prix. Florence n’a pas compris. De ses voisins, elle a pensé qu’ils étaient snobs. Elle s’est dit qu’elle ne ferait jamais un truc pareil.
Pourtant, dans quelques jours, Baptiste et Maxence, ses deux fils, changeront eux aussi d’école. Fini la REP + (réseau d’éducation prioritaire renforcé) à moins de 500 mètres de la maison. L’aîné entre en sixième dans le collège où ses parents enseignent. Le cadet intègre une « bonne » école.
Au début des années 2000, quand Florence et son compagnon (qui ont souhaité garder l’anonymat) s’installent dans leur nouveau quartier, ils n’ont pas d’enfants, mais la perspective de scolariser ceux qu’ils auront un jour dans un établissement près de chez eux les enchante. On irait à l’école à pied, la vie serait douce. Tous deux enseignent les mathématiques dans le public, ils ne se posent même pas la question : en France, on ne choisit pas son école, on va à l’école de secteur.
«J’ai aussi culpabilisé parce que je tiens à la mixité. Mais là, ce n’est pas de la mixité, c’est n’importe quoi, on a laissé se former des ghettos» Florence, habitante des Vosges. […]