Du 2 au 6 septembre 1792, eurent lieu des exécutions sommaires de prisonniers (ecclésiastiques, aristocrates, prostituées, droit commun…) dans les prisons parisiennes et dans plusieurs villes de France. Les estimations actuelles des massacres à Paris sont de l’ordre de 1300 victimes. Le 2 septembre, au couvent des Carmes, 115 prêtres et religieux furent massacrés.
Au cœur de Paris, les séminaristes des Carmes et les étudiants de l’Institut catholique de Paris se forment dans un lieu chargé d’histoire [70, rue de Vaugirard, 75006]. Cet héritage se résume ainsi : apprendre à donner sa vie à Dieu. Toujours d’actualité.
La Révolution française est une période sombre dans l’histoire de l’Église catholique. Les vœux religieux sont interdits ainsi que les congrégations religieuses en avril 1792. La Constitution civile du clergé force les membres de l’Église à jurer sur la Constitution. Ceux qui refuseront seront passibles de l’exil, d’emprisonnement ou de mort. Quand le pape Pie VI condamne cette décision unilatérale, le clergé français se retrouve divisé entre les jureurs et les réfractaires restés fidèles au Pape, forcés à la clandestinité. Dans ce contexte, et après la chute de la monarchie, le 11 août 1792, le couvent des Carmes devient un dépôt pour des prêtres réfractaires. Cent cinquante prêtres et dix laïcs sont emprisonnés, parmi eux, beaucoup vont subir le martyre.
Rien ne justifie le massacre du couvent des Carmes, mais l’arrivée des Prussiens, aux portes de Paris, inquiète les révolutionnaires. Les religieux et prêtres représentent alors, à leurs yeux, une cinquième colonne, susceptible de s’allier avec l’ennemi. Il faut donc les éliminer. Le 2 septembre vers 16h, au moment de la promenade journalière des détenus, des enragés pénètrent avec leurs armes à l’intérieur du couvent, blessant à mort plusieurs prêtres. Au lieu de tous les tuer sur le champ, les commissaires de la section du Luxembourg s’amusent à organiser un simulacre de procès, dans la sacristie, pour les forcer à prêter serment. À chaque refus, c’est l’exécution. Deux heures plus tard, ce sont en tout cent quinze cadavres jetés dans le puits ou dans le jardin du couvent, massacrés à l’épée par les Sans-Culottes. Jean Guitton écrivait : « Ce que le Colisée est à Rome, la chapelle des Carmes l’est à la France ». […]
Leur souvenir est toujours présent. Devant les marches du perron par lesquelles sont passés les martyrs on peut lire l’inscription latine : Hic ceciderunt (Ici ils sont tombés). […] Dans le jardin, une colonne et un crucifix font aussi mémoire des prêtres tués par les révolutionnaires. Parmi eux, l’on compte l’archevêque d’Arles, Mgr du Lau, mort près de l’autel de l’oratoire, les frères La Rochefoucauld, François-Joseph, évêque de Beauvais, et Pierre-Louis, évêque de Saintes. Mais aussi l’abbé Hébert, confesseur de Louis XVI, l’abbé Gaultier, qui aurait reçu la confession de Voltaire sur son lit de mort, et l’abbé de Pontbriand, grand-oncle de Charles de Foucauld. […]