L’ancien conseiller de Donald Trump, rédacteur en chef du site d’extrême droite Breitbart News, s’est prêté pour la première fois au jeu de l’interview télévisée, dimanche sur CBS. Et a livré quelques clefs de la communication politique du président.
«L’interview a eu lieu le lendemain de l’annonce par l’Administration Trump
de la fin du DACA, le programme qui apporte une protection légale aux clandestins qui sont arrivés aux Etats-Unis enfants. Le Président Trump a donné au Congrès 6 mois pour trouver une solution, mais Bannon croit que le programme devrait être abrogé.»
Charlie Rose : «Le Président a pris la mauvaise décision ?»
Steve Bannon : «Je pense que …»
CR : «Il a pris la mauvaise décision ? Vous vouliez qu’il y aille franchement ?»
SB : «Ce que nous devons faire, c’est nous occuper des citoyens américains. Je pense que nous devons nous occuper des citoyens américains …»
CR : «Et qu’allez-vous faire des gens qui sont venus enfants ?»
SB : «Je crois que vous avez vu le mémo, vous avez vu le mémo …»
CR : «Dites-moi juste ce que vous feriez, c’est tout ce que je demande. Que feriez-vous ?»
SB : «Quand le permis de travail arrive à expiration, ils partent d’eux-mêmes.»
CR : «Ils partent d’eux-mêmes ?»
SB : «Oui, je suis absolument …»
CR : «Le mieux est d’être expulsé ?»
SB : «Il n’y a aucune voie vers la citoyenneté, aucune voie vers le titre de séjour, et aucune amnistie. L’amnistie n’est pas négociable.»
CR : «L’Amérique était, aux yeux de tellement de personnes, et c’est pour cela que l’Amérique est respectée … parce que les gens pouvaient venir ici, trouver un toit, contribuer à l’économie, c’est ce que l’immigration a été en Amérique. Et vous semblez vouloir lui tourner le dos, et la stopper.»
SB : «Vous avez totalement tort. L’Amérique s’est construite sur ses citoyens.»
CR : «Nous sommes tous des immigrants.»
SB : «L’Amérique s’est construite sur ses …»
CR : «Sauf les Américains natifs qui étaient ici …»
SB : «Arrêtez avec ce truc de gauchiste, vous valez mieux que cela Charlie. L’Amérique s’est construite sur ses citoyens. Regardez le XIXe siècle, ce qui a construit l’Amérique s’appelle le Système Américain : d’Hamilton à Polk, à Henry Clay, à Lincoln, aux Roosevelt. Un système de protection de notre industrie, un système financier qui prête aux industriels, d’accord ? Et le contrôle de nos frontières. Le patriotisme économique a construit ce pays, le système américain, d’accord ? On revient à cela. On s’occupe de nous. On s’occupe de nos citoyens. On s’occupe de notre base industrielle. Et devinez quoi ? Ce pays sera plus grand, plus uni, plus puissant qu’il ne l’a jamais été. Ce n’est pas de l’astrophysique, d’accord ? Et au passage, ça inclut toutes les nationalités, toutes les races, toutes les religions, toutes les orientations sexuelles. Tant que vous êtes citoyen du pays, tant que vous êtes citoyen américain, vous faites partie de ce mouvement économique populiste nationaliste.»
(…)
« En écoutant les hommes politiques qui étaient là, j’ai compris que leur inclination naturelle est de se laisser assommer, de manière indépassable, par le choc qu’ils reçoivent lorsque les médias leur tombent dessus. Mais Trump n’était pas comme ça. Lors de cette réunion, j’ai été le dernier à parler, et j’ai dit : “Vous avez 100 % de chances de gagner.” »
(…)
« Dans son appel vers la classe ouvrière, absolument, je lui conseillais de doubler la mise. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’il allait gagner. Ce jour-là, il s’est presque énervé, il m’a dit : “Allons, il n’y a pas 100 % de chances”, et j’ai répondu que si. Et j’ai dit pourquoi. Parce que les électeurs s’en moquent [de la question du sexisme]. »
(…)
« Si j’en avais une, c’est peut-être qu’il pense encore que [la politique] est une affaire de personnalités, qu’il suffit de faire changer untel ou untel d’avis. Mais vous allez voir avec le temps qu’il va avoir une meilleure compréhension du fait que cette ville est dominée par les institutions, et qu’il faut s’engager dans un corps-à-corps avec elles en tant qu’institutions, pas en tant que somme de personnalités. »
(….)
Ce qu’il fait avec Twitter est extraordinaire. Il crée un média sans intermédiaire. Il passe par-dessus la tête des médias traditionnels pour parler directement aux Américains. »
Le Monde
(Merci à Fanch)