La sénatrice Dianne Feinstein doit des excuses publiques à Amy Coney Barrett, candidate au poste de juge, ainsi qu’une explication à tous les Américains qui condamnent les préjugés religieux. Au cours des auditions de confirmation de Barrett la semaine dernière devant le Comité judiciaire du Sénat, Feinstein, démocrate de Californie, a utilisé à mi-mot un stéréotype anti-catholique qui remonte à au moins 150 ans aux Etats-Unis, à savoir que les catholiques sont incapables de séparer l’Église et l’État parce qu’ils placent leur allégeance religieuse avant leur serment à la Constitution.
Si un sénateur catholique avait demandé à une candidate juive si elle faisait passer Israël avant les États-Unis, ou si un sénateur blanc avait demandé à une candidate noire si elle pouvait être une juge objective compte tenu de son origine, les libéraux auraient crié au meurtre. Les questions de Feinstein, qui ont été reprises par d’ autres membres démocrates du comité, sont tout autant l’expression d’un préjugé.
L’idée directrice de l’interrogatoire de Feinstein était que, puisqu’elle était croyante catholique, on ne pouvait pas faire confiance à Barrett pour appliquer objectivement la Constitution et les lois si elle devait être confirmée pour la 7e cour d’appel de circuit. Feinstein a utilisé à plusieurs reprises un terme qui a longtemps fonctionné comme un signe de ralliement pour l’anti-catholicisme en Amérique : le dogme. «On entend le dogme qui vit en vous», a affirmé Feinstein. Et elle a poursuivi : «Le dogme et le droit sont deux choses différentes.” […]
Et la sénatrice a conclu par une forme classique de parti pris : l’accusation irréfutable. «Pourquoi est-ce que beaucoup d’entre nous de ce côté-ci se sentent très mal à l’aise ?» demanda-t-elle.
Noah Feldman
(Traduction Fdesouche)