Comment expliquer l’échec des services de renseignement en matière de lutte contre le terrorisme ? Une enquête brûlante sur les failles de la surveillance de masse et explore les solutions envisagées par les spécialistes pour remédier à ces dysfonctionnements.
Et si les attentats du World Trade Center avaient pu être déjoués ? C’est l’une des théories avancées par Bill Binney, ancien directeur technique de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), qui a démissionné après le 11-Septembre. Bien avant Edward Snowden, il a dénoncé les méthodes inadaptées des services de renseignement dans la lutte contre le terrorisme, et notamment la collecte massive de données. Noyés dans un flot continu d’informations, les analystes ne parviennent pas à exploiter les data rapidement. Dans les années 1990, un programme baptisé “ThinThread”, mis en place par la NSA, devait pourtant permettre de cibler les recherches en se concentrant uniquement sur les métadonnées utiles pour retracer les communications d’individus suspects. Mais quelques semaines avant l’attaque du 11-Septembre, le projet a été abandonné au profit d’intérêts financiers privés. Aux États-Unis, le marché de la surveillance est ainsi détenu à 80 % par des entreprises privées. Cette externalisation croissante des activités de renseignement prend des proportions inquiétantes, laissant la porte ouverte aux dérives.
Data-sceptiques
De Vienne à Washington, les experts de la lutte antiterroriste et les lanceurs d’alerte sont unanimes sur l’inefficacité de la surveillance de masse, aujourd’hui pratiquée par les plus grandes agences de renseignement. Cette enquête fouillée explore les solutions envisagées par les spécialistes pour remédier à ces dysfonctionnements, comme en Autriche, où une équipe d’analystes travaille sur une alternative ressemblant étrangement à celle du projet avorté “ThinThread”. Tous espèrent être capables à terme d’anticiper les futurs attentats.
(Merci à JEan-Mary)