Fdesouche
À 38 ans, cette économiste inconnue il y a moins d’un an, a été choisie pour conduire au Bundestag la nébuleuse populiste de l’AfD.

Alice Weidel a vite compris les règles. Celles du jeu médiatique, comme lorsqu’elle a quitté le plateau d’un talk-show de la ZDF, pour protester contre le traitement «partisan» dont elle serait victime en tant que tête de liste de l’Alternative für Deutschland. L’esclandre a valu quelques articles et peut-être apporté quelques voix. Celles aussi de son parti, qui l’a choisie pour être son visage et conduire au Bundestag la nébuleuse populiste de l’AfD. Elle s’y plie sans broncher, suivant une ligne toujours plus dure, avec une efficacité radicale. À 38 ans, Alice Weidel, inconnue il y a moins d’un an, s’apprête à entrer au Parlement allemand pour y porter la voix des «anti»: anti-Merkel, anti-musulmans, anti-Europe…

L’AfD a réussi la quadrature du cercle avec cette jeune économiste homosexuelle, candidate plus moderne et plus intransigeante que Bernd Lücke et Frauke Petry, précédents leaders poussés hors de la scène parce qu’ils étaient trop modérés et trop peu charismatiques. Le premier, le fondateur du parti, ne voulait parler que d’Europe et pas d’immigration. La deuxième avait durci le ton mais, timorée, elle avait voulu prendre ses distances avec l’aile droite de l’AfD, celle qui se plaint par exemple de la «culture de la honte» sur le passé nazi de l’Allemagne. Elle avait aussi tenté de se dresser contre Alexander Gauland, le seul véritable chef de l’AfD. Alice Weidel n’a pas participé à ce combat perdu d’avance. Au congrès de Cologne, fatal à Petry au printemps 2017, elle est restée prudemment discrète.

Weidel bat maintenant les estrades avec Gauland, cet ex-député CDU qui a deux fois son âge et qui l’a choisie, en avril dernier, pour mener campagne en première ligne. À elle la télévision, le fond, et les attaques contre la chancelière, à lui les provocations verbales. (…)

La jeune femme n’a a priori pas d’accointance avec les réseaux les plus extrêmes. Mais elle partage avec les plus durs de son parti la même hostilité envers l’islam, «incompatible avec l’Allemagne» et qui «menace» le pays. Toutefois, si quelqu’un lui demande si elle est raciste, elle répond que la question «est idiote». «Nous sommes pour une immigration qualifiée», réplique-t-elle. Peut-être pense-t-elle aussi à Sarah, sa compagne d’origine sri-lankaise.(…)

Dans son programme, l’Alternative für Deutschland promeut la famille traditionnelle, et dénonce les théories du genre à l’école. Mais elle s’est choisi comme tête de liste une lesbienne qui élève, en Suisse, deux enfants avec sa partenaire. Alice Weidel ne relève pas le paradoxe. Mais elle reconnaît que sa vie privée a bien eu une influence sur son parcours politique. «L’immigration homophobe musulmane est un risque pour notre avenir», confie-t-elle en assurant, le visage dur, l’avoir expérimenté «très tôt».

«Je connais ça depuis mon enfance. Je viens d’un petit village qui a été submergé par une immigration musulmane. J’ai entendu à l’école ou à la piscine des insultes parce que j’étais une jeune Allemande. J’ai vu se développer des zones de non-droit pour les femmes et c’est de pire en pire.» Il y a en Allemagne «des no-go areas où ma compagne et moi nous ne pouvons plus aller», dit-elle avant d’ajouter. «C’est aussi une question pour les droits de femmes en général. Notre Constitution est claire en ce qui concerne l’égalité des sexes. Mais dans l’islam, dans la charia, les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Je n’en veux pas dans notre pays.»

Pourtant Alice Weidel ne s’est pas engagée en politique pour dénoncer l’immigration musulmane. Elle a poussé la porte de l’AfD en octobre 2013, alors que le parti vient de rater de peu son entrée au Bundestag. Sa capacité de protestation dans une Allemagne consensuelle attire cette jeune analyste financière, reconnue pour son intelligence et son tempérament: elle se bat pour se défendre. «L’AfD était le seul parti à dénoncer la politique de sauvetage de la zone euro, qui est contraire au droit», raconte-t-elle.

La politique d’Angela Merkel et celle de la BCE la scandalisent: c’est une «expropriation» financière, selon elle. C’est un autre de ses sujets favoris lorsqu’elle prononce un discours. Elle est une libérale convaincue. «Ce n’est pas un secret que j’ai toujours admiré Margaret Thatcher», dit-elle en souriant.

Le Figaro

Merci à valdorf

Fdesouche sur les réseaux sociaux