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Comment l’Allemagne s’y est-elle pris pour accueillir, sans drame, un million de candidats à l’asile depuis 2015 ? Pourquoi le sujet n’est pas au coeur de la campagne électorale ? Explications de l’Express.

“On y arrivera”, avait promis Angela Merkel en 2015 en ouvrant les frontières de l’Allemagne aux réfugiés en provenance des Balkans, en septembre 2015. Depuis cette date, le pays a accueilli un million de personnes, un record. Et le sujet n’a même pas alimenté la campagne électorale pour les législatives du 24 septembre.

Les premiers mois ont pourtant été chaotiques, avec des familles hébergées dans des gymnases bien plus longtemps que prévu. Mais le gouvernement d’Angela Merkel a fait preuve de volontarisme. L’Etat fédéral a dépensé 20 millions en 2016, soit 4,2% de hausse des dépenses publiques -avec un effet bénéfique sur la croissance- qui ont servi notamment à l’hébergement et à la formation de ces nouveaux arrivants. […]

Pallier la pénurie de mains d’oeuvre liée à la crise démographique allemande a été un des moteurs de la participation des entreprises à l’accueil des migrants. Mais elles ont surestimé le niveau de qualification des réfugiés. Seuls 32% ont un niveau d’éducation secondaire, indique le Spiegel.Un quart à un tiers seulement des nouveaux venus entreront sur le marché du travail dans les cinq prochaines années“, a déclaré au Financial Times la commissaire à l’intégration.

La bienveillance de la majorité des Allemands aurait sans doute fait défaut dans un contexte économique moins favorable, nuance toutefois Thomas Faist. Sans surprise, c’est dans les régions confrontées à la désindustrialisation, tel le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, où le taux de chômage est trois fois plus élevé que dans le reste du pays, que le parti populiste AfD a depuis connu ses meilleurs scores. Aujourd’hui, l’Alternative für Deutschland est représentée dans 13 des 16 parlements régionaux et devrait entrer pour la première fois au Bundestag, avec environ 10% d’intentions de votes.

L’ex-Allemagne de l’Est, qui a reçu le plus petit nombre de réfugiés, est le territoire où le rejet est le plus patent.Le meilleur scénario, c’est que les gens ne me parlent pas du tout“, raconte à la Deutsche Welle, Tasneem, native d’Alep. A Wismar, sur les bords de la Baltique, “quand quelqu’un m’adresse la parole, c’est pour me dire des mots que je n’ose pas vous répéter“. Cette attitude a poussé les trois quarts des 19 000 réfugiés arrivés dans le Mecklembourg en 2015 à fuir vers d’autres Etats. La Syrienne de 19 ans ne peut en faire autant: la loi sur l’intégration votée en 2016 oblige les réfugiés à rester trois ans dans le Land où ils ont été assignés, sauf s’ils ont trouvé un emploi. […]

L’Express

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