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CHRONIQUE – La campagne d’Hillary ou la présidentielle vue par la vaincue. Un récit formaté et prévisible. Mais qui en dit long sur les enjeux idéologiques de la vie politique américaine.

(…) On savait que Hillary était une féministe convaincue et engagée ; on découvre à la lecture un militantisme forcené, quasiment obsessionnel. Il n’y a pas un chapitre où elle ne remette pas le sujet sur la table. Tout y ramène. Pas un chapitre où elle ne ressasse comme une litanie: «J’étais la première femme à être investie par un grand parti pour l’élection présidentielle.» Pas un chapitre où elle ne vante la supériorité féminine: «La marche des femmes (au lendemain de l’élection de Trump) a été la plus grande manifestation de l’histoire américaine… Et tout s’est déroulé pacifiquement. Voilà peut-être ce qui arrive quand on laisse les manettes aux femmes.» Pas un chapitre où elle n’évoque les figures de sa mère et de sa fille. Et l’on comprend mieux la vie infernale de ce pauvre Bill qui a eu trois Hillary pour le prix d’une. Trilogie infernale. Bill qui change les couches de bébé entre deux campagnes électorales. Bill qui a en permanence sous les yeux, un écriteau accroché chez lui (ou plutôt chez Hillary): «C’est dur d’être une femme. Vous devez penser comme un homme. Vous comporter en dame. Avoir l’air d’une jeune fille. Et travailler comme un chien.» On se croirait dans la vieille série télé Ma sorcière bien aimée.

(…) Les femmes, les Noirs, les Latinos sont victimisés dans les discours des élites de gauche «libérale», mais le recul inédit et historique de l’espérance de vie ne touche que les hommes blancs de la classe ouvrière. Ce sont ces derniers qui perdent tout pouvoir, sur leur famille, leur entreprise, leur pays. Eux qui sont dépossédés de tout.

Cette campagne fut le dernier cri jeté par John Wayne avant sa mort programmée par la démographie et l’économie. C’est l’instinct de survie qui a parlé. Et l’instinct, ce n’est pas toujours élégant ni raffiné. Mais quand on n’a plus d’instinct, à force de trop de raffinement, et trop de civilisation, c’est qu’on est prêt à mourir.

Cette campagne américaine fut passionnante et éclairante – et terrifiante – en ce qu’elle a ramené l’archaïque indicible au cœur de l’agora démocratique: guerre des hommes contre les femmes, des Blancs contre les Noirs, des anglophones contre les hispanophones, des travailleurs américains contre les travailleurs chinois.

(…) Hillary est une femme intelligente, cultivée et réfléchie ; elle est une bonne technocrate sans charme, mais elle ne fait pas de politique. Son seul registre politique est l’indignation: contre la misogynie, le racisme, l’injustice. On sait depuis Nietzsche que nul ne ment autant qu’un homme indigné. Et Hillary nous l’a cent fois répété: une femme fait tout mieux qu’un homme. Tout.

Le Figaro

Merci à valdorf

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