INTERVIEW – Président LR des Hautes-Alpes, Jean-Marie Bernard a fait voter une délibération pour alerter l’État sur les conséquences financières de l’explosion des flux migratoires pour son département.
LE FIGARO. – Comment évolue la situation dans votre département?
Jean-Marie BERNARD. – Ici, le flux de migrants explose! La protection de l’enfance étant une compétence départementale, nous avons la responsabilité des mineurs. Or, d’un rythme de cinquante mineurs étrangers par an, nous sommes rapidement montés à une prise en charge de cinquante mineurs par mois. Et le volume ne cesse d’augmenter. Nous avons vu passer depuis janvier plus de sept cents mineurs ou pseudo-mineurs! Car il est parfois difficile de faire la part des choses entre les mineurs et ceux qui ne le sont pas…
Comment avez-vous procédé?
Il a fallu gérer l’urgence, car nous devons évaluer ces mineurs, réaliser des enquêtes sociales. J’ai dû faire réquisitionner des hôtels, des centres d’hébergement associatifs pour les loger, recruter des travailleurs sociaux supplémentaires. À la fin de l’année, le département aura versé 2,5 millions d’euros pour tout traiter, quand d’ordinaire nous dépensions seulement 100.000 euros. Je suis obligé de faire des coupes sombres partout dans les budgets, de reporter des travaux importants. C’est une charge colossale pour un département de 140.000 habitants. L’aide sociale à l’enfance n’a pas été inventée pour absorber les afflux migratoires.
Et combien vous doit l’État en principe?
Il devrait, sur ces 2,5 millions annuels, me rembourser de 1 million à 1,2 million d’euros. En France, l’ensemble des départements a déjà engagé 1 milliard d’euros pour l’accueil de ces mineurs non accompagnés. Le gouvernement a promis de faire des efforts pour nous aider. Qu’il concrétise ses promesses. Songez qu’en plus de ces dépenses exceptionnelles, dans les Hautes-Alpes, nous sommes obligés de nous endetter pour payer le revenu de solidarité active (RSA) que l’État devrait payer! C’est 500.000 euros de plus que l’on nous demande, pour une mission qui n’est pas la nôtre. Si j’additionne tout ce que l’État nous doit, ce sont de 17 à 20 millions d’euros qui nous manquent en fin d’année. En dix ans, la facture impayée atteint ici 120 millions d’euros!
Merci à valdorf