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Les Catalans comme les Kurdes préparent leur indépendance. Chacun croit son heure arrivée grâce à des bouleversements mondiaux ou régionaux.

(…) Les Catalans comme les Kurdes ont une revanche à prendre sur l’Histoire. C’est le petit-fils de Louis XIV qui, monté sur le trône d’Espagne, a fait rentrer par la force des armes les Catalans dans le giron des Espagnes en 1714. Les Kurdes ont possédé pendant quelques heures un Kurdistan indépendant, en 1920, avant que le chef de la Turquie, Atatürk, ne balaie le traité de Sèvres par une guerre victorieuse. Depuis lors, les Catalans ont rongé leur frein et les Kurdes se sont régulièrement rebellés, se faisant massacrer par les Irakiens ou les Turcs.

Chacun croit son heure arrivée grâce à une intervention extérieure. C’est l’Union européenne qui, en favorisant les autonomies régionales, en donnant aux Régions un accès direct à Bruxelles, et à sa manne de subventions, a enflammé un irrédentisme catalan, mais aussi flamand, écossais voire corse, dont la Commission a un mal fou désormais, en pompier pyromane, à éteindre le feu. Ce sont les deux guerres menées en Irak par Bush père et fils qui ont redonné une chance au mouvement national kurde. Le combat contre Daech a mis à l’honneur les combattants kurdes, qui se révélèrent bien plus aguerris que la pitoyable armée irakienne. Les entreprises catalanes ont le grand marché européen pour exporter et faire vivre leur «pays». Les Kurdes ont du pétrole sous leurs pieds.

Il faut dire que l’Irak n’a jamais été une nation depuis son invention par le colonisateur anglais. L’Irak n’a jamais su être autre chose qu’une réunion d’ethnies tenues d’une main de fer par un tyran. L’instauration de la démocratie par les Américains a fait exploser le pays au bénéfice des diverses «tribus avec un drapeau», selon la forte expression de Samuel Huntington.

Pour l’Espagne, le processus historique est inverse: une nation longue d’une histoire millénaire, mais dont les intellectuels de gauche n’ont cessé de dénoncer le caractère «fasciste», «franquiste». L’école n’enseignait plus les hauts faits d’armes de la nation espagnole. Même la droite n’osait plus se dire «espagnolista». La déconstruction a mené à la destruction.

Les Espagnols ont désappris à être espagnols ; les Catalans ont réappris à être catalans. Quand un sentiment d’appartenance collective se délite, un autre lui succède. Et le progressisme de nos élites de gauche conduit directement à l’archaïsme tribal.

Le Figaro

Merci à valdorf

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