En quelques années, l’économie numérique a établi son hégémonie sur les industries culturelles. Netflix représente désormais plus de 90 % de la consommation de video on demand aux Etats-Unis, 63 % du temps passé par les 2,3 millions de Français abonnés aux offres légales, et tâte désormais avec succès à la production. Amazon écrase la vente de livres. L’audience de la presse vient massivement de Google et Facebook (et un peu Apple désormais) et est déterminé par des algorithmes bien précis. Huit des dix personnalités préférées des jeunes Américains sont des youtubeurs. Apple truste le marché de la musique en ligne (un peu contré quand même par le streaming mais avec d’intéressantes tentatives de riposte). On pourrait continuer à l’infini, sans surprendre en rien les lecteurs de ce blog.
Ce qui est inquiétant, bien sûr, c’est que cette hégémonie industrielle, en matière de culture, finit fatalement par établir une hégémonie culturelle. Il n’est qu’à regarder les conséquences de la domination d’Hollywood sur l’industrie du cinéma.
On a beaucoup essayé les réponses techniques, fiscales ou protectionnistes à ces questions. Ce qui me frappe, c’est la difficulté à faire émerger une réponse culturelle à ce défi culturel. Après tout, si les Barbares ont bel et bien fini par faire tomber l’empire romain, Rome en revanche n’a pas réussi à détruire la culture grecque. Et la culture chinoise a plutôt fini par dominer les descendants de Kubilai Khan.
Cela fait plus de 20 ans que je travaille autour de l’innovation numérique, le plus souvent dans ce que l’on appelle les « industries culturelles ». Ce qui m’a toujours frappé, c’est la proximité entre les deux mondes (créativité, audace, insolence, curiosité, capacité à faire… toutes ces valeurs sont également partagées par les artistes et les innovateurs numériques) et l’opposition frontale des deux secteurs. Nous n’en sommes plus tout à fait aux temps héroïques où Internet était perçu avant tout comme une menace pour la culture, mais nous sommes encore bien loin d’avoir réussi l’union de tous les créateurs au service d’un authrntique projet de civilisation…
Quatre pistes de travail au service de cette union qui est désormais urgente, indispensable, mais surtout qui est possible et que nous devons avons donc le devoir de bâtir.
(…) Frenchweb