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Article de Julie Pascoët, responsable politique au Réseau européen contre le racisme (ENAR), sur le sentiment d’appartenance à l’Europe.

 

La déshumanisation et la suspicion généralisée sont au cœur de l’islamophobie grandissante en Europe aujourd’hui. Les Etats membres de l’Union européenne ont l’occasion d’inverser la tendance. Ils doivent le faire avant que les niveaux d’exclusion n’atteignent un point de non-retour.

De jeunes étudiants musulmans européens ont récemment dialogué avec le vice-président de la Commission européenne et la vice-présidente du Parlement européen, ainsi que plusieurs députés européens sur leur présent et leur futur – et de l’importance de construire ensemble un avenir commun. Ils ont pu insister sur le fait qu’un changement de perspective et des discours et pratiques inclusifs quant à la présence de musulmans en Europe s’imposent. Trop souvent, ils sont considérés comme « un problème à régler ».

 

Malheureusement, l’inclusion reste encore un vœu pieux pour les musulmans d’Europe – que ce soit dans l’emploi, l’éducation, le logement ou l’accès aux services. Les résultats d’une nouvelle enquête sur les expériences de discrimination vécues par les musulmans publiée par l’Agence européenne des droits fondamentaux montrent que les musulmans sont confrontés aux discriminations dans tous les domaines. Ce phénomène européen requiert une réponse européenne de toute urgence.

Les musulmans doivent également composer avec des risques importants pour leur sécurité. Une personne musulmane sur quatre a été victime de crime de haine au cours de l’année précédente, et presque la moitié d’entre elles ont subi six incidents ou plus. […]

L’islamophobie est un problème en Europe mais elle n’est pas suffisamment reconnue comme telle actuellement. Les institutions européennes et les pays membres de l’Union européenne doivent s’engager à prendre cette problématique au sérieux. Des progrès importants ont déjà été accomplis au niveau de l’Union européenne pour reconnaître l’islamophobie, mais d’autres mesures sont nécessaires comme :

> S’assurer que la législation existante soit mise en œuvre et que des sanctions efficaces soient appliquées en cas de discriminations et de crimes de haine ;

> Mettre en place des gardes fous concernant des mesures de police ou de lutte contre le terrorisme qui pourraient être discriminatoires envers les communautés musulmanes (par exemple, des récépissés à remplir par la police lors des contrôles d’identité) ;

> Encourager les employeurs à être inclusifs et s’assurer que leur lieu de travail reflète une société multiculturelle ;

> Adopter des mesures ciblées pour lutter contre l’islamophobie, notamment par le biais d’un plan d’action national contre l’islamophobie (la ville de Barcelone a par exemple adopté un plan d’action contre l’islamophobie). […]

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