Dans sa chronique, partant du rendez-vous secret entre les hommes de confiance de Donald Trump et Xi JinpiSng, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », analyse les évolutions récentes des rapports de force entre la Chine et les Etats-Unis.
C’est un plan-séquence pour série télévisée à tendance complotiste. A la mi-septembre, l’Américain Steve Bannon, le plus antichinois des proches de Donald Trump, a franchi les portes de Zhongnanhai, le quartier des dirigeants de l’empire céleste à Pékin, à deux pas de la Cité interdite, pour être reçu, 90 minutes, par Wang Qishan, dit « le Parrain », numéro deux du régime et bras droit du président Xi Jinping.
Joli scoop du Financial Times, la rencontre a été rapportée le 23 septembre. On peut imaginer la scène. Les salons de Zhongnanhai se ressemblent tous. La conversation se tient de part et d’autre d’une table basse, pour l’eau minérale et le thé au jasmin. L’invité s’installe à droite, son hôte à gauche. En face, l’immensité d’une salle de réception chinoise – aussi intime que la place Tiananmen.
Pourquoi cette conversation entre « adversaires » ? Bannon a quitté la Maison Blanche le 18 août, mais reste l’un des confidents les plus écoutés de Donald Trump. De retour à la tête du site de l’ultra-droite américaine, Breitbart News, il est le penseur, le porte-flambeau du nationalisme économique trumpien. A ce titre, il rompt des lances avec la Chine, accusée de mercantilisme, de concurrence déloyale et d’être responsable du « carnage » social – le mot est de Trump – qui aurait jeté dans la précarité, l’alcool et les opioïdes une partie de la classe ouvrière et de la classe moyenne américaines.
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Merci à valdorf