Habitant de la Grande Borne depuis 48 ans, Abdelaziz Zemrani se souvient: «Ça a toujours été une ville cosmopolite. Mais avant, c’était bien, il y avait même de petits patrons! Puis ça a commencé à se dégrader après l’élection de Mitterrand, en 1981. Les Européens ont commencé à partir, les Algériens aussi.» Aujourd’hui, «entre un et deux tiers» des enfants de la cité n’ont pas le Français pour langue maternelle, affirme le maire Philippe Rio. Selon l’édile, les différentes crises «sociales et économiques» ont accéléré les problèmes liés au quartier. «Les populations qui trouvent les moyens financiers de partir sont remplacées par des personnes encore plus fragiles. On doit recommencer tout notre travail à chaque fois», raconte-t-il.
Et qui dit population fragile, dit radicalisation potentielle. Amedy Coulibaly, le terroriste de l’Hyper Cacher, a grandi à la Grande Borne, au sein d’une famille de dix enfants. Selon plusieurs sources policières au Figaro, Grigny serait un terreau favorable à l’islamisme radical. Pourtant, aujourd’hui, les habitants refusent d’être «mis dans le même sac». «Ici il n’y a pas de radicalisation. Il y a beaucoup de femmes de tous âges qui portent le voile, mais ça n’a rien à voir. On est loin de Corbeil-Essonnes, où l’on peut voir des personnes couvertes de la tête au pied», conteste Nazha Boulakhrif. Abdelaziz Zemrani, lui, se souvient de prêcheurs il y a vingt ans, mais «plus rien» maintenant. […]