La publication par la revue Third World Quarterly d’un article intitulé «Le bien-fondé du colonialisme» a déclenché une polémique qui en dit beaucoup sur la recherche universitaire, et la façon dont elle est relayée auprès du grand public.
Vous vous rappelez de la polémique sur le rôle positif de la colonisation? En 2006, après un intense débat, le gouvernement Villepin avait abrogé un alinéa d’une loi qui prévoyait que «les programmes scolaires reconnaissent […] le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord». Une décennie plus tard, le monde universitaire anglo-saxon vient de s’offrir une controverse du même genre, qui fonctionne comme un précipité du climat de l’époque: la domination supposée du «politiquement correct», la trumpisation des esprits, l’évaluation scientifique de la recherche, la possibilité de débattre sereinement en ligne…
Tout a commencé avec la publication par la revue universitaire Third World Quarterly, au début du mois de septembre, d’un article intitulé «The Case for Colonialism» («Le bien-fondé du colonialisme»). L’auteur, Bruce Gilley, professeur de science politique à l’université de Portland, estime qu’il est «grand temps de réévaluer la signification péjorative» du mot «colonialisme»:
«La notion selon laquelle le colonialisme est toujours et partout une mauvaise chose nécessite d’être repensée au regard du grave coût humain d’un siècle de régimes et politiques anticoloniaux.»
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