Inauguré en septembre 2008, le collège Izzo est un bel établissement. Vastes espaces, grand gymnase avec mur d’escalade, salles proprettes… Le tout planté à la fois en plein cœur du 3e arrondissement, l’un des plus pauvres de Marseille, et de l’immense opération de réhabilitation urbaine Euroméditerranée, qui métamorphose la frange littoral et tente d’en modifier la structure sociale. 450 élèves fréquentent l’établissement et, selon la principale adjointe, « 90 % sont de confession musulmane ». (…)
Accompagnée du recteur de l’académie d’Aix-Marseille, Bernard Beigneir, la présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal (LR), rencontre la communauté enseignante, des élèves et des parents de cet établissement situé en zone REP +.
«Je n’avais pas voulu réagir à chaud, mais j’avais promis de venir débattre dans les trois établissements cités par M. Ravet pour me rendre compte de la réalité », rappelle Mme Vassal. Ce déplacement à Izzo est le premier de l’élue. Deux autres doivent suivre aux collèges Versailles et Manet, établissements également inclus dans les dispositifs d’éducation prioritaire et situés dans d’autres quartiers lourdement paupérisés.
« Approche globalisante »
Le livre de Bernard Ravet, amplement relayé par les médias, a provoqué d’intenses débats. Loué pour ses « termes justes et mesurés » par l’ancien délégué interministériel à la lutte contre le racisme, Gilles Clavreul, il s’est vu reproché d’être « à côté de la plaque » par la directrice de recherche au CNRS, Françoise Lorcerie. Le Syndicat national des personnels de direction a critiqué son « approche globalisante » et « contre-productive » alors que le Syndicat des enseignants du second degré Aix-Marseille a rappelé que « M. Ravet est parti à la retraite avant les premiers attentats et que l’institution a depuis développé…
Déléguée, elle aussi, Amine Abelque, auto-entrepreneuse de 37 ans, partage le sentiment « de ne pas reconnaître ce que vivent les enfants dans ce qui est un super-collège ». Lunettes de marque sur sa chevelure nue, cette « musulmane non pratiquante » raconte pourtant une anecdote qui aurait pu figurer dans le livre de M. Ravet. Comment, à son insu, sa fille « s’est mise à porter le voile quelques mois après son entrée en 6e ». « Cela m’a beaucoup inquiétée et ma première réaction a été de venir au collège demander des comptes, se rappelle-t-elle.
Le réseau Internet est-il bien surveillé ? Quelles personnes fréquente-t-elle dans sa classe ? J’en suis repartie rassurée. Ce n’était pas d’ici que ça venait. » « Pour moi, c’est juste une “fashion victim” », se convainc Amine Abelque, dont la fille est aujourd’hui en 3e.
« Les familles ne supportent pas que l’on parle de la montée du fait religieux, mais cela est bien présent dans ces quartiers », remarque, depuis Paris, Bernard Ravet.(…)
« Une chose est sûre, c’est que la stigmatisation des familles ne va pas nous aider », glisse une enseignante. « Avec tout le travail que l’on abat dans cet établissement, c’est regrettable », déplore Evelyne Grazi, la nouvelle principale. A peine a-t-elle fini ses mots que trois anciennes élèves apparaissent dans l’entrée pour récupérer leur brevet des collèges. Deux portent un voile sur les cheveux et se voient fermement intimer l’ordre de quitter l’établissement.
Merci à valdorf