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La députée de La France insoumise Danièle Obono est au cœur de plusieurs polémiques. Mais les arguments pour débattre de ses idées volent très bas, décrypte le chroniqueur du Monde Hamidou Anne qui estime qu’elle est victime de la “France raciste”.

 

Il y aura d’autres Danièle Obono au Parlement français, dans les ministères et même un jour à l’Elysée, car la marche de l’Histoire est ainsi faite. La France blanche, chrétienne, au risque de terroriser certains petits esprits, est finie.

L’hebdomadaire français d’extrême droite Minute a mis une photo de la députée insoumise Danièle Obono à sa « une » avec le titre choquant « Mais qu’on la fasse taire, bordel ! ». Il s’agit du dernier acte d’une campagne lâche et nauséabonde de dénigrement et d’injures menée depuis plusieurs mois à l’encontre de la députée de 37 ans.

Danièle Obono est née au Gabon et y a vécu jusqu’à la préadolescence avant de rejoindre la France, pays dont elle a acquis la nationalité en 2011. Lors des dernières législatives, elle est devenue députée du mouvement La France insoumise. Depuis cette élection qui l’a propulsée sur le devant de la scène politique nationale, elle fait face à des agressions racistes quotidiennes. […]

Peut-on critiquer Danièle Obono ? Oui. Peut-on s’opposer vigoureusement à ses prises de position ? Oui, quand notamment ici, sur son blog, elle a du mal à exprimer de la compassion vis-à-vis des victimes de Charlie Hebdo. Et aussi lorsqu’elle évoque et dénonce la censure dont serait victime Dieudonné. […]

Mais nul ne doit accepter le déferlement de haine raciste dont elle est victime. On lui reproche, de façon parfois hystérique, d’être une femme noire qui refuse de se taire, de ne pas se vautrer dans la case de ses origines ou de ne pas exprimer au quotidien sa gratitude vis-à-vis du pays qui l’a accueillie et, l’intégrant symboliquement dans sa communauté nationale, lui a donnée sa nationalité. Elle n’est pas dans la célébration vaseuse et candide de cette France universelle qui accueillerait tous les fils de la Terre et leur permettrait de réaliser leurs rêves. Son irrévérence, si précieuse, lui vaut cette campagne infecte. […]

Les détracteurs de Mme Obono ne la pensent digne que de faire la queue devant la CAF ou les Restos du cœur, inspirant le dégoût par ci et la pitié par-là, mais nullement de représenter le peuple français. Or cette France raciste, misogyne et conservatrice devra subir l’image pendant cinq ans d’une femme noire arborant son écharpe tricolore et siégeant au palais Bourbon.

Il y aura d’autres Danièle Obono au Parlement français, dans les ministères et même un jour à l’Elysée, car la marche de l’Histoire est ainsi faite. La France blanche, chrétienne, au risque de terroriser certains petits esprits, est finie. Terminée. L’avenir du monde est le métissage avait prédit un illustre français, qui a siégé dans le même Hémicycle que Danièle Obono aujourd’hui : il s’appelait Léopold Sédar Senghor.

Le Monde

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