Les militants de l’ultragauche seraient 2 000 en France, selon les policiers, qui qualifient la menace de sérieuse.
Cet automne, un cap a été franchi avec des incendies de garages appartenant à la gendarmerie à Limoges (Haute-Vienne) et à Grenoble (Isère), revendiqués par des groupes libertaires, en soutien à des militants jugés à Paris pour l’incendie d’une voiture de police avec deux fonctionnaires à bord. Enfin, la semaine dernière, il y eut cette « chasse au DRH » dans le bois de Boulogne, lancée comme une mauvaise blague, qui aurait pu très mal tourner (trois voitures incendiées). Autant de raisons pour lesquelles le renseignement intérieur tient l’ultragauche pour une « menace inquiétante ». « L’ultragauche n’a jamais disparu, ce sont les services de renseignement qui s’y intéressent à nouveau, commente un autonome de 35 ans, très actif dans le passé. Le grand capital a toujours eu peur de l’ultragauche, à plus forte raison quand il est indécent comme aujourd’hui.»
(…) Les militants d’ultragauche, qui ont recours aux messageries cryptées pour se fixer rendez-vous, revendiquent le recours à la violence – ces « 50 nuances de bris » – comme moyen d’abattre l’Etat, mais aussi de fédérer une contre-société. D’où le fameux Black Bloc, qui définit une stratégie d’action. Dissimulation de matériel (cocktail Molotov, barres de fer…) lors du parcours, dans des véhicules, marteau caché dans un sac à dos, changement de tenues à l’abri d’une banderole… Le « bloc noir » se mêle aux manifestants pacifiques pour s’en prendre aux forces de l’ordre (le 1er mai dernier, un CRS était transformé en torche vivante) ou aux banques (le 10 octobre, les façades d’agences de la Bred et d’HS-BC en faisaient les frais).