Laurent Alexandre, spécialiste de l’intelligence artificielle, dénonce les retards pris dans ce secteur par l’Europe. Et donne ses conseils, décapants, pour reprendre l’avantage.
L’intelligence artificelle envahit peu à peu notre vie quotidienne. Finance, santé, loisirs… une révolution est en cours. Aux Etats-Unis et en Asie, les géants du web sont en pointe dans cette technologie. Laurent Alexandre, chirurgien et fondateur de Doctisimmo.fr, s’inquiète du retard pris par la France et l’Europe dans ce secteur. Business, emplois, dangers… il nous éclaire sur les enjeux de l’intelligence artificielle.
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- Comment augmenter le cerveau ?
“D’abord en se nourrissant sainement, en ne fumant pas, en ne picolant pas trop, en ne prenant pas de haschisch, en faisant du sport, en lisant, en faisant des études. Tout cela est une façon d’augmenter naturellement son cerveau. Ensuite, il faut améliorer l’école. Le QI moyen en France est de 98, alors qu’il est de 108 à Singapour. La différence n’est pas génétique. Avant, le niveau des Singapouriens était inférieur au nôtre. Mais eux ont modernisé l’école et paient très bien leurs professeurs… Nous faisons le contraire ! Le QI moyen baisse en France alors qu’il explose en Asie. Avant de parler de “neuro-enhancement”, d’augmentation du cerveau, il faut arrêter le naufrage de nos propres capacités intellectuelles. A l’ère de l’intelligence artificielle, le QI ne peut pas être un tabou.”
- Seuls les Américains et les Chinois sont dans la course à l’intelligence artificielle. C’est inquiétant pour les Européens…
“Nous sommes devenus une colonie numérique et ne progresserons pas si nous continuons à être mauvais, à geindre et à avoir une législation ultraprotectrice pour le consommateur mais hostile aux industriels. Il faut regarder les choses en face : si nous sommes des crapauds numériques, ce n’est pas à cause d’un complot mondial, ni à cause des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) qui tricheraient. C’est parce que les Gafa sont excellents et que nous sommes nuls.
Cela fait vingt ans que les Européens ne voient pas arriver Internet et l’intelligence artificielle. Vingt ans qu’on a des gouvernements et des autorités administratives indépendantes de type Cnil qui ne comprennent pas la partie en train de se jouer. En face, on a des acteurs américains et chinois qui sont d’une intelligence et d’une détermination extrêmes. Nous, nous avons 28 législations particulières en Europe, 28 Cnil, nous avons toujours réfléchi à la protection du consommateur, mais jamais à la constitution de bases de données industrielles. Si on empêche les firmes du Vieux Continent de constituer de telles bases, on ne pourra jamais avoir d’intelligence artificielle à nous, puisque ce sont les données qui permettent aux machines d’apprendre.”