Jean-Pierre Robin, journaliste au Figaro, présente un rapport de Patrick Artus, le chef économiste de Natixisle, pour qui le problème central en France est le manque de compétences de la population.
La boucle est bouclée et c’est un cercle vicieux : leurs faibles compétences rendent nos compatriotes inemployables sur le marché mondial hyperconcurrentiel. Leurs aspirations salariales élevées, celles d’un «pays riche», sont sans rapport avec leur niveau de technicité.
Winston Churchill réitère à la BBC son discours prononcé à la Chambre des communes, le 13 mai 1940, où il promet « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » aux Britanniques.
Winston Churchill passe pour l’archétype du courage en politique et du dirigeant charismatique. « Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », la formule prononcée le 13 mai 1940, en pleine guerre, lors de son premier discours devant la Chambre des communes en tant que premier ministre du Royaume-Uni, reste à jamais une source d’inspiration. […]
Quant aux raisons de toutes ces afflictions, Patrick Artus, le chef économiste de Natixis, ne cherche pas midi à 14 heures. «France : et si tous les problèmes partaient des faibles compétences de la population active ? » Sa note de six pages a le mérite de la brièveté à une époque où les supports numériques sont prétexte à des logorrhées sans fond. Ne serait-ce que pour cela, elle devrait être distribuée dans les facultés d’économie.
La démonstration s’établit en cinq étapes. Premier constat : les Français arrivent en 21e position sur les 28 pays que l’OCDE a examinés dans son enquête sur les capacités cognitives, en lecture et en calcul, des adultes (enquête PIAAC). Deuxième constat : la robotisation est faible comparée aux autres pays de l’OCDE et elle a peu progressé depuis le début du millénaire. Le nombre de robots pour 100 emplois dans le secteur manufacturier est de 1,23 en France, de 1,54 en Espagne, de 1,62 en Italie, de 2,05 en Suède, de 2,06 aux États-Unis, de 2,53 en Allemagne, de 2,77 au Japon et de 5,47 en Corée.
Or il faut s’inscrire en faux contre l’idée selon laquelle les robots seraient des concurrents. Un candidat à la présidentielle d’avril 2017, certes pas très futé, n’avait-il pas proposé de les taxer pour lutter contre le chômage ? Patrick Artus montre au contraire qu’il existe une corrélation positive entre les compétences des hommes et la robotisation. […]
Troisième étape de la démonstration, «la faiblesse de la robotisation en France explique le faible niveau de gamme de la production». […]
Quatrième étape, la désindustrialisation est la conséquence logique du phénomène précédent. Au lieu de développer des métiers faisant appel à des compétences élevées, les Français se confinent dans des tâches mécaniques, qu’un robot pourrait assumer, et dans des services peu sophistiqués. […]