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Longtemps cantonnés à ce qui fut baptisé « film de banlieue », les acteurs issus des minorités accèdent aujourd’hui à des genres cinématographiques plus vastes et plus électiques.

Les affiches l’annonçaient sur tous les kiosques, le voici en salle depuis le mercredi 18 octobre : Omar Sy dans le rôle de Knock ! Aussi branlant que soit le monument, cette comédie moliéresque, écrite par Jules Romains en 1923 pour le théâtre, interprétée par le génial Louis Jouvet qui la transposera à deux reprises au cinéma, reste un monument. On donnerait à moins du grain à moudre aux tenants, sauf votre respect, du « grand remplacement ». En tout état de cause, personne dans le film de Lorraine Lévy, qui se déroule dans un village du Vercors dans les années 1950, ne semble remarquer que le nouveau médecin du village est noir.

Ce non-dit ostensiblement factice souligne en creux le credo du film : qu’un Noir peut être naturellement chez lui en France, et plus spécifiquement qu’un acteur noir est capable, sans que personne ait à y redire, d’incarner un canon de l’art français. Le film, par ailleurs complètement raté, revêt à cet égard une valeur symbolique dont on suppose qu’elle a dû, à elle seule, motiver et mobiliser sa production. C’est peu dire qu’il n’en fut pas toujours ainsi dans le cinéma français. La présence des minorités visibles dans le cinéma français s’est longtemps cantonnée à ce qui fut baptisé « film de banlieue », dont les pionniers furent, dans les années 1980, Mehdi Charef (Le Thé au harem d’Archimède, 1984), ou Rachid Bouchareb (Bâton Rouge, 1985). (…)

Tout ce qui se joue ici trahit l’exigence, de plus en plus impérieuse, d’une approche multiculturelle dans l’écriture de notre histoire, de notre culture et de notre société. A considérer les choses du point de vue cinématographique, celles-ci semblent du moins bouger dans le bon sens.

Le Monde

Merci à valdorf

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