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L’éditorialiste Jacques Julliard publie chez Bouquins un ensemble de textes qui sont autant de réflexions sur la République, le peuple, la gauche et les élites.

« L’avouerai-je ? Le républicain que je n’ai jamais cessé d’être ne s’est jamais consolé que République en France rimât avec médiocrité »

Platon disait de l’opinion qu’elle était « le niveau le plus bas de la connaissance ». À la manière de Jacques Julliard, on se garderait de le démentir. Le journaliste a opté pour l’histoire, qui, certes, autorise l’opinion, mais s’incline toujours, pour peu que l’on soit probe, devant les faits. Julliard est l’un de nos derniers grands éditorialistes, de ceux dont on attend les écrits – ils sont rares. […]

On le sait, depuis son départ de L’Obs, sa « cage dorée », pour Marianne, Julliard est traversé par maintes colères toutes dirigées contre cette gauche dont il entonne le « requiem », celle-là même qu’il a pourtant longtemps accompagnée de la plume dans ses éditoriaux – en dépit de quelques réserves. Jusqu’au réveil, terrible. Qu’ont-ils fait de l’école ? De la laïcité ? Du peuple ? Comme bien des intellectuels pleurant sa disparition, l’ami de feu Edmond Maire cède parfois au « peuplisme », cette idéalisation d’un groupe naturellement vertueux, unitaire et dominé. S’il y a populisme, écrit-il, c’est qu’il y a élitisme. Allant de Mirabeau à Sieyès, de Michelet à Marx, le journaliste historien, sincère dans ses déplorations, expose longuement sa définition du peuple et arrive à la conclusion que la société industrielle a produit des individus et des masses, qu’elle a redéfini le peuple, tandis que la gauche, qui aurait dû entraver ce processus, n’était plus elle-même, se soumettant aux lois des marchés, devenant « islamo-gaucho » et oubliant les permanences et les idéaux d’antan. […]

L’éditorialiste, grand lecteur de Joseph de Maistre, a l’œil tragique et la lucidité de ceux qui ne se consolent pas de voir l’école transformée en laboratoire de toutes les expériences pédagogistes. Il sait les ravages et, surtout, le caractère irréversible qu’il y a dans cette manière d’appréhender l’éducation. Idem s’agissant de la laïcité qui, à force de l’assouplir pour complaire aux intégristes religieux, risque la déchirure, donc l’inopérance. […]

Le Point

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