Les préfets chargés de sélectionner les villes candidates pour tester la police de sécurité du quotidien doivent accorder la priorité à celles qu’il faut reconquérir.
La police de sécurité du quotidien? Trente villes y sont déjà candidates pour servir de test. Un conseil aux préfets chargés de la sélection: qu’ils accordent la priorité aux villes à reconquérir – par exemple Garges-lès-Gonesse (42.000 habitants), en limite du Val-d’Oise et de la Seine-Saint-Denis où le taux de délinquance, notamment avec le trafic de stupéfiants dans ses «quartiers sensibles», est en train d’y incruster le salafisme. Qui y prend garde?
Il suffit pourtant d’examiner ce qu’il s’y est passé aux législatives de juin dernier pour le comprendre. Dans une commune gérée par la droite, un professeur d’histoire-géographie, Samy Debah, crée la surprise. Il se présentait pour la première fois, sans étiquette, avec un programme aussi neutre que possible (combattre le chômage, promouvoir l’école). Au premier tour, il arrive en tête, chez lui, à Garges (devant le maire de Sarcelles et député PS de la circonscription, François Pupponi), il devance les candidats de La France insoumise, du FN, du PCF.
Au second tour, il reste premier, à plus de 55 %! Battu par Pupponi dans le reste de la circonscription, il proclame: «C’est une défaite qui a le goût de la victoire!» À quoi doit-il son succès local? À sa véritable étiquette, celle de fondateur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui n’est autre que le cœur du recrutement salafiste. Voilà la clé.
La population de Garges-lès-Gonesse a quadruplé dans les années 1960-1980 ; le tiers de ses habitants ont aujourd’hui moins de 20 ans, les deux tiers de ces enfants sont nés de parents étrangers. Ses quartiers datent de la «république des grands ensembles». Pendant cinquante ans, le PC tint tout, avec ses employés municipaux, ses réseaux associatifs et culturels.
En 1995, à bout de souffle, il céda la commune à la droite. Une forte communauté musulmane s’était implantée dans les quartiers (trois mosquées, deux lieux de prière) ; les modérés qui s’en occupaient allaient être chassés par des radicaux qui se substituaient aux communistes d’autrefois: éducation populaire, culturelle, sportive, etc. Voilà pourquoi Samy Debah a pu dire, en juin dernier: «On est dans une dynamique extraordinaire qu’on va développer dans l’avenir…» Là où la République s’efface, le salafisme menace.
Merci à valdorf